formée de granit entrecoupé par de puissants bancs de
grès talc-queux et ferrugineux. Il n’y avait pas de palmiers
en cet endroit, mais beaucoup de genêts en arbre,
des tamaris mannifères et des santolines. Parmi les
plantes, j ’ai remarqué la belle jusquiame dont j ’ai déjà
parlé, la centaurée chausse-trape, divers chardons très-
épineux, mais indéterminables, tellement ils étaient desséchés
et comme brûlés.
A deux heures, nous continuâmes notre route. Après
une heure de marche , nous quittâmes la plaine pour
entrer, dans la seconde vallée, gravir et franchir des rochers
affreux où nous risquions, à chaque instant, de
nous casser le cou. La nature de la roche est très-
variable ; outre les espèces dont j ’ai déjà fait mention,
j’ai remarqué la diorite, la serpentine et surtout le basalte
qui devient d’autant plus abondant qu’on avance
davantage.
A six heures, bous arrivâmes dans une petite plaine
encaissée par d’énormes rochers dont les sommets étaient
couverts de neige. A notre droite et sur un pic très-élevé,
nous vîmes une partie des murs d’un palais qu’Abbas-
Paeha avait voulu, construire. Devant nous, était un
rocher en forme de pain de sucre qu’on nous assura être
le mont Sainte-Catherine. Mais il n’en était rien, comme
j’ai pu m’en convaincre de suite en examinant mes plans
et cartes.
Nous dressâmes nos tentes en cet endroit, ce qui ne
fut pas facile à cause que le sol étant presque partout
pierreux, on ne pouvait enfoncer les pieux. Il fit très-
froid pendant la nuit; le matin, nous trouvâmes le sol
gelé, et l’eau, dans nos tentes, était couverte d’une glace
épaisse.
7, nous partîmes à neuf heures du matin, par un
beau soleil, en suivant un chemin facile; à travers des
roches de basalte. Après une heure environ de marche,
nous débouchâmes dans la plaine d’Er-Rahah, où généralement,
011 place le grand campement des Israélites. Cette
plaine, en effet, est très-étendue, et se trouve devant le
Gébel-Mouça, le Sinaï de la Bible... Étant partis de Ra-
phidim et arrivés en ce désert, ils campèrent au même
lieu; et Israël y dressa ses tentes vis-à-vis de la montagne.
Nam profecti de Raphidim, et pervënientes usque in deser-
tum Sinaï, castrametati sunt in eodem loco, ibique Israël
fixit tentoria è regione montis (i). Je doute cependant
qu’elle ait pu contenir tout le peuple que Moïse traînait à sa
suite, si je considère que des tentes ont dû être dressées,
et que les troupeaux seuls devaient occuper un assez grand
espace. Mais une seconde plaine presque aussi vaste, est
située à peu de distance, de l’autre côté de la montagne,
et n’est séparée de la première que par une courte vallée,
le Wadi-Cho ’Aïb. C’est même dans cette plaine que les
Israélites ont dû se trouver, lorsqu’ils ont vu les lampes
(1) Exode. Chap. XIX, vers. 2.