golfe. J ’aperçus, mais un peu confusément, l’Oasis dans
laquelle se trouvent les fontaines de Moïse. Le temps
était superbe, la mer calme ; nous restâmes sur le pont
jusque bien tard dans la soirée. Le capitaine nous indiqua,
sur la côte d’Afrique, les ruines d’un couvent élevé à
l’endroit même où’ saint Antoine s est retiré dans le désert,
et où il a été tenté par le démon. L’eau de là mer
Rouge a une belle couleur bleue ; on ne sait pas bien
ce qui a pu lui faire donner le nom qu’elle porte. On a
supposé qu’il provient de ce que les descendants dEsaü
qui avait, comme on sait, les cbeveux roux, se sont établis
sur la côte orientale. On l’a aussi attribué à ce que dans
certains moments, une multitude d insectes de couleur
rouee viennent s’abattre sur cette D mer. Quelq; ues AVrabes
que nous avons questionnés, assurèrent qu’elle doit son
nom à de nombreux dépôts d’argile rougeâtre qu’on trouve
sur les bords. Je n’ai remarqué aucun de ces dépôts ; il
est vrai que nous n’avons pas- parcouru cette mer dans
toute son étendue. Mais ce qu’on voit beaucoup, ce sont
d’immenses bancs de madrépores recouverts, çà et là, de
couches dé sable.
Le 4, il était près de deux heures de l’après-midi lorsque
nous arrivâmes devant Tor. On procéda immédiatement
au débarquement, opération longue et difficile à
cause que le vapeur ne pouvait s’approcher de la côte,
et de la grande quantité de bagages, provisions, chevaux,
ânes, etc., qu’il fallait porter à terre. Le tout a donc dû
être transbordé dans des barques. C’était curieux à voir,
la manière dont les chevaux passaient du vapeur dans
les barques. On leur mettait un fort corsage auquel
étaient fixées des cordes pour les hisser à l’aide d’une
forte poulie, et les descendre ensuite. Pendant cette manoeuvre,
ils ne bougeaient pas et paraissaient même
craintifs ; seulement, on devait prendre des précautions
pour qu’ils ne se blessassent pas au moment où ils touchaient
les barques.
Tor est un petit village arabe situé sur le bord de la
mer; il est composé de quelques maisons, toutes construites
avec des blocs de madrépores. Les religieux du
Sinaï y ont un pied à terre avec une chapelle desservie
par un de leurs pères.
Tor est situé sur la presqu’île sinaïtique placée sous la
suzeraineté des religieux du couvent qui ont obtenu de
la Porte, l’exemption de tout impôt *et divers autres privilèges.
Ces concessions sont considérées comme la confirmation
de celles que Mahomet leur a faites lorsqu’il a,
dit-on, visité le couvent. On conserve, à Constantinople,
l’acte marqué de la main même de ce conquérant. Comme
il ne savait pas écrire, il s’est borné à appliquer, au bas
de l’acte, sa main trempée dans de l’encre. L’évêque du
Sinaï possède une copie de cette pièce importante, et il a
été assez complaisant pour la communiquer à Son Altesse
Royale. Je ne crois pas faire tort aux bons religieux qui
nous ont si cordialement accueillis, en rappelant ici