pour un trop long espace de temps , séparé de sa famille.
Ces simples réformes suffiraient d abord, et ne tarderaient
pas à changer la face du pays. La population
s’augmenterait avec le bien-être , les déserts disparaîtraient
pour faire place à des champs cultivés, à de bons
pâturages. Et pourquoi cela ne serait-il pas ? Il en était
ainsi dans les temps anciens ; la nature du sol n a pu
changer.
Aujourd’hui, on cache avec soin le fruit de son travail
et de ses économies. La crainte de se voir dépouillé,
et de plus, exposé à de mauvais traitements „ fait que
chacun croit prudent de paraître ne rien posséder. Des
valeurs plus considérables qu’on ne le supposerait, sont
ainsi improductives. Pendant mon séjour en Egypte ,
M. le vicomte Zizinia m’a assuré que les fellah du Delta
vendaient, chaque année, pour plusieurs millions de
francs de céréales, et que néanmoins ils paraissaient toujours
malheureux, vivaient dans un état apparent de gêne
et de misère. Il est donc pour lui évident, que tout cet
argent est soigneusement caché, afin de le soustraire aux
rapines des agents du gouvernement.
Ce que l'Egypte a été , elle le deviendra encore. Le
gouvernement actuel, humilié, asservi, pourra, quand
il sera secondé par une active et riche population, secouer
le joug que font peser sur lui les puissances européennes
représentées par leurs consuls.
Ah ! combien Ismaïl-Pacha a dû sentir sa faiblesse lorsqu’il
s’est vu contraint de réclamer le. retour à l’É ta t,
des térrains qui avaient été concédés à la Compagnie générale
pour le percement de l’Isthme de Suez. Il aurait
même cessé de fournir les travailleurs indispensables
pour l’achèvement de la gigantesque entreprise. Heureusement
, une influence bienveillante est venue contrecarrer
des desseins hostiles, et amener un compromis qui
ne compense pa s, il est vrai, la spoliation dont une infinité
d’actionnaires sont les victimes, mais permet enfin
de continuer les travaux.
C’est par le repeuplement de l’Isthme de Suez et par
le commerce immense dont il deviendra le centre et l’entrepôt
, que la rénovation de l’Égypte doit réellement
commencer. Des hommes d’un esprit supérieur l’ont bien
compris. Napoléon, pendant, son séjour à Suez, appela
sur cette question , toute l’attention des savants qui l’accompagnaient.
La lettre écrite à M. de Lesseps par Abd
el-Kader, après que celui-ci eut visité les travaux, exprime
à cet égard, une conviction bien profonde. C’est
alors qu’il s’était décidé à se fixer dans cette partie de
l’Egypte, ce qui eut immanquablement attiré autour de
l u i , un nombre considérable de familles arabes encou