les Mahométans ; c’est celui où est le puits près duquel
eut lieu la rencontre de Jacob et de Joseph, lorsque le
premier vint en Égypte. Ce lieu est nommé Bira Bou-
Bella. La Compagnie y a fait bâtir une maison qui est
occupée par un employé directeur de travaux. Plus loin,
nous atteignîmes la branche du canal d’eau douce qui se
détache au-dessous de Makfar pour se rendre à Suez.
Cette partie était terminée, mais ne pouvait être ouverte
aux eaux avant l’entier achèvement du canal, ce qui ne
devait pas tarder. Nous longeâmes cette branche jusqu’à
son point de départ où des barques attendaient pour nous
ramener à Timsah.
Le 30, nous partîmes de très-bonne heure pour Kan-
tara, ville que la Compagnie élève sur la rive orientale du
canal maritime, entre les lacs Ballah et Menzalèh, à égale
distance de Timsah et de Port-Saïd. Nous étions dans
les voitures du désert de la Compagnie, chacune attelée
de six dromadaires. Nous traversâmes une plaine sablonneuse
où ne croissent que quelques petits tamaris, et une
bruyère qui ressemble tout à fait à notre bruyère commune.
C’est le seul endroit de l’Égypte où j’ai rencontré
cette plante , et encore ne se trouve-t-elle que dans un
espace assez circonscrit. Nous sommes passés devant quelques
constructions élevées par la Compagnie qui avait
établi une station au milieu de cette solitude. Aujourd hui,
elles sont entièrement abandonnées.
Pour la première fois, nous avons observé le phénomène
du mirage. Nous avions devant nous, des bosquets, des
bâtiments, des montagnes, etc., et en approchant, nous
ne trouvions que quelques petits monticules de sable,
de maigres pieds de tamaris. Nous pûmes aussi nous faire
une idée de ce qu’est le Khamsin, ce vent du désert venant
de l’ouest. Tout à coup, nous vîmes dans le lointain
comme des espèces de gros nuages noirs qui s approchaient
rapidement. Bientôt nous fûmes enveloppés par d épais
tourbillons de sable qui nous plongèrent dans une obscurité
presque complète. En même temps, il tombait
quelques gouttes de pluie. Nos dromadaires furent tellement
effrayés qu’ils refusèrent de marcher et se couchèrent.
Après quelques minutes, cette avalanche avait
passé et nous pûmes continuer notre route.
Parvenus sur le bord du lac Menzalèh, un peu avant
Kantara, nous observâmes un autre genre, de mirage.
Nous vîmes à une certaine hauteur dans l’air, plusieurs
barques de pêcheurs, images de barques qui se trouvaient
effectivement sur le lac, mais dans un endroit inaccessible
à notre vue; ce que nous distinguions, était simplement
un effet de réflexion.
Il était deux heures et demie lorsque nous arrivâmes
à Kantara, de sorte que j’eus encore le temps de faire
quelques excursions dans les environs où il y a des ruines
intéressantes.
Vers l’ouest, un peu avant d’arriver à la branche pé-
lusiaque du Nil, sont quelques monticules couverts de