un élégant pavillon où des chambres nous avaient été
.préparées. M. de Lesseps présenta d’abord à Son Altesse
Royale, son frère, M. Chantrelle un des administrateurs,
l’abbé^ Gibbon aumônier de la _ compagnie, le docteur
Auber-Roche, directeur du service de santé.
Timsah est désigné comme le chef-lieu de cette nouvelle
province qui se forme dans la Basse-Égypte. Toute
l’administration y sera bientôt concentrée. Les fonctionnaires
que nous avons trouvés à Damiette, venaient d’être
avertis de leur prochain départ. Tous les bâtiments devant
servir d’habitations , de bureaux , de magasins ,
étaient presque terminés ; en attendant, on avait dressé
des tentes vastes et commodes, tout à côté de la ville.
Le lac Timsah qui occupe une très-grande étendue,
était anciennement toujours couvert d’eau et devait contenir
une quantité de crocodiles, ce qui lui a donné le
nom qu’il porte, car le mot arabe Timsah signifie crocodile;
aujourd’hui on ne trouve plus de crocodiles dans
la Basse-Égypte, et le lac est à sec pendant une partie
de l’année. D’après les projets qui nous ont été communiqués,
il est destiné à devenir un vaste bassin, et la
ville serait le centre et l’entrepôt du commerce qui doit
plus tard rendre la vie et l’opulence à toute la contrée.
Je retrouvai en M. l’abbé Gibbon, une ancienne connaissance,
si toutefois on peut se servir de cette expression
en parlant d’une personne avec laquelle on n’a eu
aucune relation, mais qu’on a connue pour avoir habité
la même ville dans un pays très-éloigné. M. de Lesseps,
en présentant à Son Altesse Royale, le digne prêtre qui
s’était dévoué pour aller finir ses jours loin de ses enfants
et de sa patrie, renonçant aux honneurs, aux dignités
qui lui étaient assurés par ses talents et ses vertus, rappela
qu’il avait été professeur de philosophie à l’université
de Liège. Je ne l’avais pas oublié ; je me souvenais
encore des scènes regrettables qui eurent lieu lorsqu’il
exposa les principes qui devaient être la base de son
enseignement. Sincèrement religieux, il ne pouvait pas
professer ce qui était contraire à ses convictions, et sa
manière de faire souleva une opposition devant laquelle
il dut, se retirer. Rentré en France, sa patrie, dégoûté
du monde, prenant en pitié la triste humanité, il se
consacra entièrement à Dieu, après avoir pourvu à l’établissement
de sa famille. M. l’abbé Gibbon était resté
veuf avec onze enfants, dont la plupart sont entrés en
religion.
M. le docteur Auber-Roche est aussi français. Je le
connaissais de réputation; j’avais lu la relation de ses
voyages, et ses écrits sur les maladies des peuples Africains.
Il est le gendre d’un médecin célèbre, un des deux
auteurs de cette pathologie médico-chirurgicale (i) qui,
pendant près d’un demi-siècle, a été classique et adoptée
dans toutes les écoles, et qu’on a proclamée l'un des plus
(4) Nouveaux éléments de pathologie médico-chirurgicale , par Roche et.
Sanson.