Partout, la plus ravissante végétation, des arbres, des
arbustes, des plantes, remarquables par la variété
de leur feuillage, l’éclat et le parfum de leurs fleurs.
A son débarquement, le voyageur, après avoir glissé
un léger baghchich (pour-boire) dans la main de l’employé
de la douane qui est toujours un homme extrêmement
gentil, se trouve pressé par une masse d’individus
qui se disputent ses bagages et offrent des moyens de
transport. Des omnibus, des voitures de place, des ânes,
sont là en grand nombre ; mais, sous tous les rapports,
les omnibus sont préférables. En les prenant, on n’a pas
à craindre d’être rançonné, vu que les frais sont payés
par les maîtres des hôtels. Il arrive que vos bagages sont,
malgré vous, emportés par des hommes qui disparaissent
sans que vous puissiez les suivre, mais tranquillisez-vous,
ils seront à l’hôtel en même temps que vous, seulement
vous en serez pour quelques piastres de plus. Il est sans
exemple qu’un vol ait jamais été commis dans ces circonstances.
Les principaux hôtels d’Alexandrie se trouvent sur la
place des Consuls. Tous sont établis à l’instar de ceux
de Paris, Londres, Bruxelles ; le prix de la journée varie
de dix à quinze francs. Je ne connais bien que celui d’Europe
qui est certainement le premier, et je puis assurer qu’il
ne laisse rien à désirer. Ceux du Nord, des Indes, Péninsulaire
, peuvent aussi être recommandés.
Les cafés sont sales, mal tenus, et ne sont guères fréquentés
par les personnes de la bonne société. Dans les
quartiers turc et arabe, il y en a ün grand nombre, mais
on n’y voit presque jamais un Européen. On y fume le
tchibouk, le narguilé; on y prend le café; on s’y enivre
avec le hachich, et quelquefois même avec des spiritueux.
L’hôtel deM. Zizinia est, sans comparaison, le plus
beau d’Alexandrie. Le premier étage est composé d’une
suite de salons et d’autres pièces d’une gran.de somptuosité.
Partout, dans les cours, les escaliers, les corridors,
une profusion d’objets d’art, d’antiquités, tels que statues
, vases, bas-reliefs, en granit, en marbre, en bronze,
égyptiens, grecs, romains, étrusques. Les salons sont
ornés d’un grand nombre de tableaux de diverses écoles,
mais particulièrement de l’italienne. Nous avons admiré
un superbe Rubens représentant un massacre d’évêques ;
un Yan Dyck, portrait en p ied, avec des mains d’un fini,
d’un naturel, tels qu’on croirait qu’elles se détachent de
la toile. La collection de tableaux de M. Zizinia est la
seule que possède Alexandrie,' et la plus riche de toute
l’Égvpte.
Le personnel domestique de M. Zizinia pour ses maisons
d’Alexandrie et des environs, se compose de vingt-
' six individus, dont plusieurs nègres, un eunuque et deux
négresses. Il a acheté ces derniers, leur a rendu la liberté,
et en a fait ainsi des bons et .dévoués serviteurs. Son
autorité sur- eux est toute paternelle ; sa munificence ,