
 
		Le  18,  partis  à  cinq  heures  du  matin,  nous  sommes  
 arrivés  vers  dix  heures  à  Sohag,  chef-lieu  de  province,  
 petite  ville située  sur  la  rive  occidentale du fleuve.  Nous  
 nous  y  arrêtâmes  quelques  instants  pour  faire  du  charbon  
 5  mais  malheureusement  il  ne  s’en  trouvait  qu’une  
 quantité  insuffisante.  A  Sohag  se  détache  du  N il,  une  
 petite  branche  que  quelques  archéologues  assurent  être  
 le  commencement  du  Bahr-Youçef ou  canal  de  Joseph.  
 Mais  il paraît que  ce dernier commence réellement  à  Far-  
 chout  et  que la  branche  de  Sohag n’a  jamais  été  qu’un  
 conduit d’irrigation  qui  s’y  déversait. 
 A  quatre  heures  et  demie,  nous  nous  arrêtâmes  à  
 Siout pour nous  procurer  des  vivres  et  faire  du charbon,  
 car  la  petite  quantité prise  le matin  à' Sohag,  était  déjà  
 épuisée.  Une  dépêche  télégraphique  qu’on  recevait  à  
 l’instant,  nous  apprit la mort  du Vice-Roi,  Saïd-Pacha. 
 Le  19, nous partîmes  à six heures  du matin, mais  un  
 phénomène météorologique  extrêmement  rare en  Egypte,  
 un  épais brouillard, nous obligea bientôt de nous  arrêter.  
 De  sept à neuf heures ,  nous  dûmes rester  immobiles,  ne  
 pouvant  pas  même  distinguer  les  bords  du  fleuve.  Dans  
 la  journée,  nous  rencontrâmes plusieurs vapeurs  remplis  
 de soldats  envoyés pour résister aux prétentions  de Théodore  
 ,  Empereur  d’Abyssinie,  qui  venait  de  sommer  le  
 Vice-Roi d’Égypte d’avoir à évacuer le Soudan et la Nubie  
 qu’il  prétendait  lui  appartenir,  ou  bien  à  lui payer,  à  
 titre  d’indemnité,  une somme  considérable. 
 Un  peu  au-dessus, de  Miniet,  le  vapeur  s’est  échoué  
 sur  un  banc  de  sable.  Pour  le  dégager,  il  a  fallu manoeuvrer  
 pendant  au  moins  une  heure.  Nous  nous  arrê-'  
 tâmes  pour  passer  la  n u it,  un  peu  au-dessous  de  Béni-  
 souèf. 
 Le  20,  nous nous remîmes  eii marche  à six  heures  du  
 matin.  Arrivés  devant  Gizèh,  nous  pûmes  voir  sur  la  
 hauteur qui domine les villages de Torah et de Mâhsarah,  
 renommés  par  leurs  carrières  de  calcaire,  l’emplacement  
 d un  camp  de  César  et d’une citadelle  occupée  jadis par  
 les Mamelouks.  Déjà,  nous  avions  aperçu  les  deux minarets  
 de la mosquée de Mohammed-Ali.  La vue du Caire  
 nous  annonçait  que  notre  voyage  du  Nil  était  terminé.  
 A  cinq  heures  et  demie,  nous  étions  devant le  débarcadère  
 de  Kasr  el-Nil,  où  notre  consul-général,  avec  ses  
 équipages ,  attendait Son  Altesse Royale.  Nous  restâmes  
 à bord cependant,  Son  Altesse,jugeant  convenable de ne  
 rentrer  au  Caire  qu’après  avoir  été  présenter  ses  félicitations  
 au  nouveau  Vice-Roi,  ce  qui  ne pouvait  se faire  
 avant  le  lendemain  dans  l’après-midi.  M.  Scanavi  toujours  
 souffrant  de  sa  blessure  et  ayant hâte  d’arriver,  se  
 fit  transporter  à 1 hôtel de  son  beau-père. 
 Après le dîner,  nous reçûmes à bord,  la visite de quelques  
 connaissances  qui  vinrent  nous  mettre  au  courant  
 des nouvelles,  des  changements  survenus  dans  les  divers  
 services.  On  ne  nous  entretenait  que  des  craintes,  des  
 espérances  ,  des  principaux  fonctionnaires  ;  que  des