et reviennent l’année suivante donner un successeur à
celui qui est honoré du titre de gardien de la montagne.
Sur le haut de cette montagne, dans un endroit où
elle s’élève à pic au bord du Nil, est un couvent copte,
nommé couvent de la Vierge ou de la poulie. Les moines,
dit-on, se tiennent toujours en observation, et aussitôt'
qu’ils aperçoivent ' une barque, ils se laissent descendre
au moyen d’une corde, et vont à la nage, demander l’aumône
aux voyageurs.
Nous devons déclarer que nous n’avons pas joui de ce
spectacle prétendûment donné par des moines qu’on
cherche, sans,doute, à ridiculiser. Plus loin, la montagne
est percée de beaucoup de grottes sépulcrales avec des
inscriptions grecques et hiéroglyphiques.
Le 30, dans la matinée, nous sommes arrivés à Minièh
où nous avons fait du charbon et pris quelques volailles.
Cette ville est un chef-lieu de province, a une population
de 15,000 habitants, et ressemble beaucoup à Bénisouèf.
Le gouverneur est venu complimenter Son Altesse Royale
et l’a accompagnée partout; mais, malheureusement, il n’y
avait rien d’intéressant à voir. Le palais du gouverneur
est situé hors de la ville, à son côté nord.
On prétend que les crocodiles ne descendent jamais
au-dessous de Minièh, bien qu’à Damiette on nous en
ait montré un qu’on assurait avoir été pris à l’embouchure
même du fleuve. Ceci est peut-être un conte. Mais
ce qui est vrai, c’est qu’il doit être excessivement rare
d’en rencontrer même dans la moyenne Égypte. Généralement,
ôn croit que les crocodiles sont très-communs
en Egypte et qu’il est prudent de prendre des précautions
pour se gaiantir de leurs attaques. Rien n’est plus
exagéré, plus erroné. Ils sont si peu communs, qu’on
peut faire tout le voyage du Nil sans en voir un seul.
Ils ne seraient dangereux que s’ils pouvaient vous saisir
dans le fleuve même; pour le reste, ils sont tellement
craintifs, qu’ils disparaissent au moindre bruit. Quoiqu’il
eu soit, la conviction des Arabes est que les crocodiles ne
peuvent pas dépasser Minièh, ce qu’ils attribuent non à
une trop froide température des parties situées au nord
de cette ville, mais à la puissance des exorcismes d’un
cheikh chargé de les arrêter en cet endroit.
Le cimetière de la ville est sur la rive opposée du
fleuve et à une assez grande distance vers le Sud.
Le rocher présente encore des grottes sépulcrales, mais
peu nombreuses et disséminées.
Sur la rive orientale, à vingt-deux kilomètres de Minièh
, est l’emplacement d’une ville entièrement détruite,
sur les ruines de laquelle les Arabes ont construit un
grand village aujourd’hui abandonné. Mais s’il ne reste
rien de la ville, sa nécropole est conservée. Je veux
parler des hypogées de Béni-Hassan, creusés dans le
calcaire à nummulithes de la chaîne arabique, au dessus
et au Nord du village. Leur nombre est considérable ;
trente sont spacieux, sculptés et peints ; les autres ne sont