intérêt, mais cependant assez bien conservé. Il paraît
dater du règne d’Aménophis I I I , et est taillé dans
le to c .
Sur la même rive, mais un peu plus haut, est le château
de Kalat-Addèh, situé sur le sommet d’un rocher
escarpé et dont les flancs présentent des hypogées d’une
bonne conservation. A quelques pas plus loin, on trouve
encore un petit temple semblable à celui de ïéraïg. Ce
rocher est formé dé poudingues mêlés de quartz, de
pyrites et de grès rouge, seules roches de cette espèce
que j ’ai trouvées dans la Basse-Nubie.
Barras est un petit village situé sué la rive occidentale.
Les huttes dont il est formé sont comme adossées
aux ruines d’un temple construit en grès, mais qui
paraît extrêmement délabré. .
Le 11, à six heures du matin, nous sommes arrivés à
Wadi-Halfah, petite ville située sur la rive droite du
fleuve, au-dessous de la seconde cataracte, à laquelle
il a donné son nom. Après que le vapeur nous eut déposés
sur la rive gauche, où des montures nous attendaient,
il alla faire du charbon et des vivres. Nous nous
arrêtâmes un instant au petit village de Béhéni, où il y
a une espèce de temple orné de colonnes, mais extrêmement
dégradé. Toute cette rive est aride; passé Béhéni,
on n’y voit qu’un sable quartzeux à gros grains, qui est
étendu sur un grès ferrugineux très-riche, car en beaucoup
d’endroits, nous en avons ramassé des morceaux qui
contenaient plus de quatre-vingts pour cent d’oxide de
fer. Plus on approche de la cataracte, plus les rochers
s’élèvent. Au grès ferrugineux se mêlent des roches de
la Grauwacke. Parmi ces masses de couleur sombre qui
bornent les deux rives et qui forment la cataracte, on
voit des blocs, des cônes de granit, mais bien différent
de celui de Syène : le quartz prédomine sur le feldspath
et le mica ; les grains sont plus petits, et toute la roche
est plus friable.
Nous gravîmes la montagne de Hâfir qui s’élève au-
dessus de la cataracte à une hauteur de plus de trois
cents pieds. De là, nous pûmes la considérer dans une
grande étendue, mais non dans son entier, car elle a plusieurs
lieues de longueur. C’est le spectacle le plus émouvant
qu’il soit donné à l’homme de contempler. Au bruit
lugubre et semblable à un long mugissement que font les
eaux en se précipitant de hauteurs diverses, depuis trois
ou quatre pieds jusqu’à vingt, trente, se joint la vue de
ces rochers noirs, presque partout dépourvus de végétation,
sans autres êtres vivants que quelques oiseaux de
proie, aigles, vautours, qui viennent dévorer les restes
des poissons échoués sur les récifs.
C’est accompagné de M. le vicomte Zizinia que j ’ai fait
cette excursion. Son Altesse Royale nous avait précédés
avec M. le comte d’Oultremont et un cavas. Ibrahim,
monté sur un dromadaire, s’étant engagé dans le désert
par des chemins sans doute plus faciles, arriva un peu
avant nous.