ardent où Dieu se manifesta à Moïse, est couvert d’un
marbre garni d’une plaque en argent qui se prolonge tout
autour, assez avant sur le sol, afin de garantir la terre
sainte contre le désir des.pèlerins d’en posséder une parcelle.
On conçoit que s’il était permis à chacun de satisfaire
son ardente convoitise, depuis longtemps il ne
resterait plus rien. La surveillance est donc très-sévère;
cependant, je dois le confesser, il m’a été possible de la
tromper et de me rendre coupable d’un pieux larcin.
Sur les quatre angles du marbre, s’appuient quatre colonnes
qui supportent une table d’autel sur lequel on
célèbre, tous les jours, la messe. Des lampes brûlent
continuellement dans ce lieu qui est réputé le plus saint'
de toute la péninsule.
L’église est entourée d’une cour n’ayant que quelques
pas de largeur. Derrière le cboeur, à l’endroit qui est le
plus rapproché de l’emplacement du buisson ardent, on a
planté un pied de ronce noire (rubus fructicosus), et un
petit citronnier. On nous en a donné quelques feuilles.
Dans eette même cour, du côté gauêhe de l’église; est le
puits de Moïse, celui où il puisait de l’eau pour abreuver
ses troupeaux. On prétend que ce puits fut la dot que
Jethro donna à sa fille Sephora lorsqu’il la maria à Moïse.
Nous parcourûmes tout le* couvent qui est un véritable
labyrinthe composé d’escaliers, de corridors, de chambres,
de chapelles, de cours, etc., etc. La bibliothèque renferme
une grande quantité de livres très-anciens, et beaucoup
de manuscrits. 'La plupart sont en grec ; quelques-uns
seulement, en latin. Comme on le conçoit, nous n’avons
guère eu le temps de les examiner.
Dans la bibliothèque particulière de l’évêque, se trouve
un gros in-4° sur parchemin, contenant les évangiles et
les portraits enluminés des quatre Évangélistes, et des
Saints Pierre et Paul. Il est entièrement écrit en lettres
d or. La couverture est garnie de figures en argent, représentant
des sujets religieux et d’un travail fini. Tout le
manuscrit, les six portraits enluminés, sont de la main de
1 Empereur Théodose (4). Un autre manuscrit en six
(4) Le R. Père de Damas, de la Cpmpagme.de Jésus, qui a fait le pèlerinage
du Sinaï, semble presque révoquer en doute l’existence de ce manuscrit
qu il a cherché dans la bibliothèque des moines, tandis que c’est,
comme je viens de le dire, dans celle de l’évêque qu’il se trouve. En
parlant des reliques de sainte Catherine, il déclare ne les avoir pas 'vues.
Je comprends que des moines grecs schismatiques se soient montrés peu
empressés envers un prêtre catholique romain qui, naturellement, ne leur
a pas témoigné toute la déférence à laquelle ils. croyaient avoir droit. Ils
n’ont donc pu s’aborder qu’avec prévention et défiance,-se considérant
comme des ennemis dont l’un cherchait à surprendre l’autre, afin de
trouver matière à la critique, au dénigrement.'Dans des conditions si peu
favorables pour une appréciation juste et impartiale, lé R. Père de Damas
a tout vu sous de sombres couleurs ; tout a été pour lui l’objet d’une
critique sévère. Pour moi, c’est sans aucune prévention que je me suis
présenté aux moines de ce couvent. Désirant les bien connaître et obtenir
d’euxtous les renseignements dont j’avais besoin, je me suis efforcé de me
concilier leur bienveillance en leur témoignant l e . respect qui est dû au
caractère dont ils sont revêtus. Je n’ai pas été trompé dans mon attente ;
Ces bons pères se sont mis entièrement à ma disposition : j’ai pu tout voir,
tout visiter, et même recevoir le diplôme de pèlerin qu’ils n’avaient jamais
donné qu à leurs coréligionnaires. Loin de les considérer comme des ignorants
dépourvus de tout mérite, je dois déclarer que j’ai trouvé parmi eux,
des hommes instruits, pieux et extrêmement recommandables.