à la moindre infraction, il pria Son Altesse Royale de le
dispenser de manger à sa table. Il ne comprenait pas
comment l’homme peut rougir de se prosterner devant
la divinité, lui qui n’hésite pas à ramper devant son
semblable lorsqu’il croit pouvoir en retirer quelque
avantage.
La vallée du Nil, dans la Basse-Nubie, est en beaucoup
d’endroits, resserrée entre les rochers qui s’avancent
même jusque sur la rive, ne laissant pas partout à leurs
pieds, une étroite bande de terrain propre à la culture.
Si j’en excepte Derr et Wadi-Halfah, tous les villages
sont composés d’un petit nombre de huttes ombragées
par des palmiers, des acacias. A partir de Korosko, cependant,
l’aspect de la côte est un peu plus vivant; les
rochers s’éloignent davantage et laissent ainsi d’assez
vastes plaines, malheureusement presque toutes envahies
par le sable.
A quelques lieues au-dessus de Philæ, le granit diminue;
insensiblement, il disparaît pour faire place au grès;
néanmoins, d’espace en espace, on en voit encore quelques
blocs fou massifs.
On appelle Barâbra ou Kenous, les habitants de toute
la vallée du Nil dans la Basse-Nubie ; cependant cette
dénomination ne peut être rigoureusement appliquée qu’à
ceux qui se trouvent entre Assouan et Séboua. De ce
village jusqu’à Derr, les habitants sont des véritables
Arabes parlant la langue arabe. De Derr à la seconde
cataracte, sont les Nouba qui diffèrent peu des Barâbra
et parlent la même langue, le kensi.
Dans toute la Basse-Nubie, les hommes ne portent pas
le turban, les femmes ne se voilent pas et se laissent voir.
Excepté pendant leurs mois d’hiver qui sont décembre ,
janvier et février, et encore lorsqu’ils sont rigoureux,
les hommes sont entièrement nus; quelques-uns seulement
, portent une légère pièce d’étoffe autour des reins,
ou une espèce de tablier. Pour ce qui est des femmes ,
elles sont toujours suffisamment vêtues. C’est dans la
Basse-Nubie que nous avons commencé à voir des hommes
entièrement nus ; cependant cette coutume existe aùssi
dans la Haute-Egypte, et si à notre jjassage, nous n’en
avons pas rencontrés, c’est que la température était alors
trop froide; il n’en sera plus de même à notre retour.
Débôd ou Debout, village situé sur la rive gauche du
Nil; dans la région du granit, occupe, d’après ce qu’on
croit, l’emplacement de l’ancienne Parambolê. Au centre
du village, se trouvent les ruines d’un temple assez bien
conservé. Trois pylônes élevés, placés l’un derrière l’autre
à des distances inégales, conduisent à la façade du temple,
large de soixante pieds et formée par un portique à quatre
colonnes. Les deux colonnes du milieu ont des chapiteaux
différents de celles des extrémités. Deux salles avec chambres
latérales, précèdent le sanctuaire. Sur le bord du
N il, on voit un quai en pierres avec des restes d’un
escalier.