guère que des simples excavations. Le plus intéressant,
est celui situé le plus au nord : des piliers, des colonnes
délicatement travaillées et qui ont peut-être servi de modèles
aux grands architectes de la Grèce, rappellent les
ordres Dorique et Corinthien. Un de ces hypogées, renferme
une salle de soixante pieds de longueur et quarante
de largeur, à l’extrémité de laquelle sont dix-sept petites
chambres. Dix colonnes soutenaient le plafond; six sont
encore debout, les autres sont renversées.
Les inscriptions hiéroglyphiques qu’on trouve dans ces
hypogées et qui ornent leurs ouvertures, sont du plus
haut intérêt sous le rapport des usages, des coutumes,
des occupations, des amusements, de cette époque reculée.
Elles témoignent qu’alors les danseuses étaient déjà
ce que nous les voyons aujourd’hui. Plusieurs «ont figurées
exécutant leurs danses, et dans le costume qui les
caractérise.
Plus haut que Béni-Hassan, sont les ruines d’une immense
cité, entièrement différente de ce qu’on trouve dans
toute l’Égypte. Antinoë n’était pas une ville égyptienne ;
bâtie par l’empereur Adrien en mémoire de son favori Antinous
qui s’était noyé dans le N il, elle ne présentait que
des constructions romaines. Ses temples, ses théâtres,
ses arcs de triomphe, son cirque , ses hippodromes, ses
thermes, ses colonnades, nous ont laissé des ruines qui ne
ressemblent en rien à celles de Thèbes, de Philæ, etc., etc.
On croirait voir une ville romaine transportée de l’Italie
au milieu de la moyenne Egypte. Bâtie en quatre ans,
elle fut achevée en 132 de Jésus-Christ, et florissait encore
sous les empereurs chrétiens qui y avaient établi un
évêché. Elle fut détruite par les Arabes et ses pierres ont
en grande partie, servi à faire de la chaux et à élever la
manufacture de Roda située vis-à-vis, sur la rive opposée.
Fondée par Ibrahim-Pacha , cette manufacture est
maintenant la propriété d’Ismaïl-Pacha, le Vice-Roi actuel.
C’est un vaste établissement dirigé par un Italien.
Nous y avons vu plusieurs machines à vapeur d’une très-
grande force. Une partie des bâtiments renferme toute
une sucrerie avec ses dépendances ; une autre est affectée
à l’égrenage du coton qu’on cultive dans les environs
ainsi que la canne à sucre. On y prépare aussi du noir
animal: On était occupé à placer des machines, à réparer
un bâtiment détruit par l’explosion d’une chaudière, accident
qui a coûté la vie à huit personnes.
Le.Directeur a offert à Son Altesse Royale, quelques
beaux cristaux de sucre qui était d’une qualité réellement
supérieure. Nous avons vu des troupeaux de cinq à six
cents chameaux qui transportaient à l’établissement, les
récoltes des champs voisins.
Cette visite nous a laissé une impression favorable, et
a confirmé notre conviction, qu’avec du zèle, des capacités
et des capitaux, on peut obtenir beaucoup du sol égyptien.
En suivant la chaîne arabique, on ne cesse de voir des
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