rues sont extrêmement étroites, malpropres, et tellement
encombrées, qu’on n’y circule que difficilement. Les mar-
cbands qui tiennent des riches étoffes, des tapis, des ar-
mures, d’autres objets de luxe et de prix, ont leurs
magasins dans des espèces de galeries couvertes.
Les autres rues sont aussi désertes que celles où sont
établis les bazars sont animées. Si quelques-unes sont
larges et assez propres, la plupart sont étroites, tortueuses,
sales, ayant dans leur milieu un égout infect. On trouve,
dans ces rues, des tombeaux très vénérés qui renferment les
restes d’individus considérés par les mahométans, comme
des saints. De leur vivant, ils étaient des espèces de mendiants
chargés de chapelets (i), des fous quelquefois, le plus
souvent-des fainéants exploitant la crédulité publique. Le ,
peuple se prosternait devant eux, et venait leur baiser la
main. Aujourd’hui, sous prétexte de salubrité, on ne
permet plus ces inhumations dans l’intérieur de la ville.
Mohammed-Ali a ordonné que les saints fussent, comme
tous les autres croyants, inhumés dans le cimetière
commun,et sa fermeté a vaincu l’opposition formidable
qui prétendait maintenir l’ancienne coutume.
Dans Alexandrie, on trouve encore quelques-unes de
ces anciennes maisons,>-dont les dispositions sont celles
(,) c es chapelets nommés tesbih ne ressemblent pas à ceux des chrétiens.
Ils consistent ordinairement, en un plus ou moins grand nombre de noyaux
de dattes, enfilés, que les Mahométans roulent dans leurs doigts , en prononçant
à chaque noyau, le nom d'Allah.
des Khans turcs et arabes. Au centre, est une cour carrée ;
les bâtiments ont, à chaque étage., du côté de la cour,
dès galeries dans lesquelles s’ouvrent les chambres et appartements
qu’on loue à toute espèce de personnes. A côté
de l’hôtel de M. Zizinia, il y a une de ces constructions
qu’il m’a été facile de visiter. Elle contenait plus
de cinq cents locataires.
On rencontre, à Alexandrie, un grand nombre de chiens
errants qu’on peut considérer comme des agents de la salubrité
publique, car ils dévorent toutes les immondices
que personne probablement ne songerait à enlever. Ou
ne leur fait aucun mal ; beaucoup même sont nourris
par les habitants des maisons près desquelles ils sètien-
p.ew^ordinairement. Quand ils ne rodent pas autour des
gargott.es, des cuisines, etc., on les voit couchés au soleil,
chacun ayant, pour ainsi dire, sa place de prédilection.
Ils ont la taille et tous les autres caractères du chien loup,
bien qu’on en fasse une race distincte,, nommée arabe. Les
personnes qui circulent dans les rues, le soir ou pendant
la nuit, ont bien soin de se munir d’un bâton pour se
garantir de leurs attaques. On pourrait croire que dans
les conditions où se trouvent ces chiens, sous une température
chaude, un grand nombre devraient être atteints
'de la rage. Eh bien, il en est tout autrement ; on n’a pas
de souvenir d’en avoir vu un seul devenir enragé. D’après
les témoignages que m’ont donnés les anciens praticiens
d’Alexandrie, deux cas de cette maladie ont été constatés
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