n en usât que dans des circonstances où la vie en commun
serait insupportable. Si cette loi a apporté des entraves à
la répudiation, elle a singulièrement favorisé les mariages,
qui peuvent se conclure entre toutes espèces d’individus,
à l’exception des très-proches parents. J ’ai rencontré
une danseuse ambulante déjà sur le retour, qui
traînait avec elle, un tout jeune garçon âgé de moins de
dix ans, et qu elle présentait comme étant son mari.
Puisque je suis à parler de mariages, je dirai un mot
de ceux à la Copte. Ce ne sont réellement pas de véritables
mariages, vu qu’ils ne sont que temporaires, mais
des espèces de contrats par lesquels on prend une femme
pour un temps limité, un mois, six mois, une année, etc.,
moyennant une certaine somme d’argent qui varie de
cinquante à cent, deux cents francs, et qu’on considère
comme une dot. Ces unions sont consacrées par une bénédiction
nuptiale donnée par un prêtre copte, et confèrent
à l’un et l’autre conjoints, pendant la durée stipulée,
tous les droits d’époux. En Egypte, il n’y a d’autre
code civil que le Coran, mais il ne régit que la population
musulmane. Les étrangers sont mariés par leurs consuls,
d’après les dispositions législatives des pays auxquels ils
appartiennent. Les Égyptiens non musulmans, tels que
les Juifs, les Coptes, les Levantins, se marient d’après
leurs anciens usages qui ont force de loi. Si un enfant
naît pendant la durée d’un mariage copte, il appartient
de droit au père qui est tenu de pourvoir à sa subsistance
et à son entretien ; si au contraire c’est après sa
dissolution, il reste à la charge de la mère. De quelque
manière que l’on envisage ces unions temporaires, on ne
peut assez déplorer que la religion intervienne pour consacrer
ce qui n’est réellement qu’une prostitution déguisée,
car enfin, au moyen d’une certaine somme d’argent,
on obtient une femme pour un aussi long laps de temps
qu on le désire. L’étranger ne doit pas même justifier de
son état de célibataire ; peu importe s’il a ou non une
femme dans un autre pays , car après un temps limité
et ordinairement assez court, il redevient libre et aussi
indifférent à celle qui s’est donnée à lui, que s’il ne l’avait
jamais connue.
J ai eu occasion d’être présenté à une famille copte.
J ’y ai rencontré plusieurs dames, mais elles étaient voilées.
Les femmes coptes se voilent non seulement en public,
mais encore dans leurs maisons lorsqu’elles se
trouvent en présence d’étrangers, différant beaucoup en
cela, des Levantines et des Juives, qui montrent librement
leur figure quand on les voit chez elles ou dans des réunions
particulières.
Pendant les soirées du 2 1 et du 2 2 , il y eut, le soir,
grande illumination dans les rues du Caire, à l’occasion
de l’avénement du nouveau Vice-Roi. Tout le monde ne
s occupait plus que de lui ; le malheureux Saïd-Pacha
était entièrement oublié. Il y a plus, on se cachait de
1 avoir honoré et respecté pendant sa vie. Ceci est telle