habitations fixes. Beaucoup sont dans des villages (fellah),
où ils s’adonnent à la culture de la terre ; d’autres habitent
les villes, où ils se livrent au commerce, à l’industrie.
Ils diffèrent totalement des Coptes qu’ils ont
subjugués, et des Turcs qui les ont asservis. Braves,
doux, honnêtes, religieux, ils vivent entre eux en bonne
intelligence; jamais on ne les voit se quereller, se battre,
blasphémer; ils ne prononcent le nom de Dieu qu’avec
crainte et respect. Ils ne sont donc ni voleurs, ni assassins,
et il est excessivement rare qu’on ait à leur reprocher
un crime ou un délit. Le voyageur peut hardiment
se confier à eux, il n’a rien à craindre ; seulement, il
devra montrer de la fermeté pour se garantir de leurs
importunités. Si, en Egypte, l’Arabe ne vole pas, il demande,
et lorsqu’on lui a donné, il demande encore. En
effet, le mot baglicldch est le premier qu’on entend en
mettant le pied sur le sol égyptien, et c’est celui avec
lequel on est partout harcelé. Mais, je le répète', l’Arabe
ne prendra pas. Si, étant parmi eux, vous venez à perdre
votre bourse, il est presque certain qu’elle vous sera
remise. On est donc plus en sûreté dans les campagnes,
dans les déserts de l’Egypte, que dans nos grandes villes
d’Europe, au milieu des nations civilisées. A la vérité,
il se commet des crimes en Egypte ; plusieurs assassinats
ont même eu lieu pendant que j ’y étais; mais ils avaient
pour auteurs des étrangers.
Les Coptes, les Turcs, ne possèdent pas les mêmes
qualités; on peut leur reprocher d’être jaloux, vindicatifs,
quelques fois cruels, mais le vol sera rarement le
motif qui les poussera. Les uns et les autres tiennent
beaucoup à leur religion, et ce sentiment est poussé chez
eux jusqu’à la plus excessive intolérance. Les Coptes sont
les savants, les lettrés de l’Egypte. A ce titre , ils sont
presque exclusivement employés comme écrivains, comme
commis, subalternes, c’est-à-dire ceux qui sont le moins,
payés et qui doivent le plus travailler.
Déjà, j’ai parlé de la place des Consuls. C’est un long
carré entouré de grandes et spacieuses maisons, la plupart
servant d’hôtels, de demeures pour des consuls, de magasins
tenus par des Européens. Ces constructions, de même
¡•que toutes les habitations de l ’Orient, sont surmontées de
plate-formes, espèces d’observatoires, sur lesquelles on va
respirer l’air frais. Sur cette place est aussi le temple
protestant anglais, avec des fenêtres en forme ogivale du
plus mauvais goût. Dans toute sa longueur, se trouve une
promenade entourée d’acacias, ayant à ses extrémités deux
grands bassins au milieu desquels s’élèvent de fortes
gerbes d’eau provenant du réservoir situé hors la porte de
Rosette. -
Dans les rues où sont établis les bazars, ils occupent
tout le rez-de-chaussée qui n’a ni portes, ni fenêtres, mais
est entièrement ouvert. Le soir, on ferme au moyen de
planches. On y trouve tout ce qu’on peut désirer : comestibles,'
habillements . objets de ménage, etc. Toutes ces