Le palais actuel, du Vice-Roi est sur l’emplacement de
cet ancien palais. Il est grandiose dans toutes ses proportions
; sa magnificence laisse cependant beaucoup à
désirer, car dans bien des parties, on ne trouve que. du
clinquant, et une ornementation d’un goût plus que contestable.
Dans la citadelle, on a élevé des constructions destinées
aux divers services. Ainsi, tous les ministères y sont
établis; un grand nombre de fonctionnaires y ont leur
résidence. On y a réuni l’hôtel des monnaies , une imprimerie
, une fonderie de canons, une manufacture d’armes,
un arsenal de construction, un atelier de pyrotechnie, en
un mot, tous ces établissements qu’on trouve ordinairement
disséminés dans diverses localités.
La citadelle, les édifices qu’elle renferme, ont été
construits avec la même pierre qui a servi à élever les
pyramides de Gizèh. C’est un calcaire grossier très-co-
quillier, abondant surtout en nummulithes de dimensions
variables, depuis trois millimètres jusqu’à deux centimètres
de diamètre. J ’y ai trouvé des huîtres, des lucines ,
des cardites, des cythères, des corbules et des fragments
de beaucoup d’autres genres indéterminables dans les
blocs que j ’ai pu examiner.
En revenant de la Citadelle, nous nous sommes rendus
à la Mosquée du Sultan Hassan. C’est la plus grande,
une des plus belles, je ne dirai pas du Caire, mais encore
de toute l’Egypte. Elle a été trop bien décrite pour que
j’entre ici dans de -grands détails qui n’apprendraient
réellement rien de nouveau. Je dirai d’abord que j ’ai été
émerveillé de la hauteur, de la hardiesse de sa belle coupole.
Elle a deux minarets dont un , colossal dans toutes
ses dimensions, présente trois superbes rangées de galeries.
La porte principale avec ses sculptures délicates en
forme de stalactites, est un chef-d’oeuvre de la véritable
architecture moresque. Après avoir franchi les corridors ,
après que les gardiens nous eurent mis les chaussons de
rigueur, nous entrâmes dans la grande cour au centre de
laquelle est la fontaine aux ablutions, surmontée d’une
coupole soutenue par de belles colonnes ; mais hélas ! elle
tombe presque en ruines, ainsi que tout l’édifice qu’on
détériore sans cesse, qu’on ne répare jamais. On est
réellement attristé à la vue d’une si grande incurie, car
de ce beau monument, il ne restera bientôt plus qu’un
tas de décombres. Quatre salles occupent les quatre côtés
de la cour : elles sont dans le plus triste état de désolation.
Il en est de même du tombeau du Sultan Hassan
qui est situé au miliëu d’une petite chambre sale et obscure.
Nous avons admiré un magnifique et ancien lustre
en bronze, du travail le plus délicat, mais tellement négligé
, qu’il est couvert d’une épaisse couche d’oxide qui
le menace d’une destruction prochaine.
Le marbre, le porphyre se trouvent partout à profusion
; le sol est recouvert d’une superbe mosaïque en
marbre de diverses couleurs; mais tout est lîrisé, détaché,