Royale à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de
Sa Majesté qui venait d’atteindre sa soixante-douzième
année.
Accompagné de M. Eïd, j ’allai visiter cette antique
nécropole nommée Tombeaux des Khalifes, située en
plein désert, bien qu’à une très-petite distance de la ville.
A la porte, commence une plaine aride, sablonneuse ,
vaste cimetière dont presque toutes les tombes ne sont
surmontées que de quelques pierres, la plupart non
taillées. Bientôt, on a devant soi, le spectacle le plus
grandiose, le plus magnifique, un ensemble de monuments,
chefs-d’oeuvre de la plus pure architecture sarrasine ; des
coupoles hardies, réellement cpquettes ; des minarets d’une
légèreté incomparable ; le tout orné des plus délicates arabesques.
Malheureusement, toutes ces merveilles devant
lesquelles on reste en admiration, sont livrées à un désolant
abandon et à une destruction qui sera bientôt complète.
La première mosquée, celle d’El-Achraf, est un peu
isolée des autres. Elle laisse regretter par ce qui en reste,
surtout sa belle coupole assez bien conservée, la destruction
à laquelle elle est vouée.
A quelque distance, est la mosquée du sultan Barkouk
dont la garde était confiée à une vieille arabe qui est
venue nous en ouvrir la porte. Uné cour carrée dans laquelle
on ne marche qu’à'travers des décombres, est
entourée de portiques dont presque tous les arcs sont
en ogives, quelques-uns seulement en plein-cintre. Deux
minarets élevés, carrés, bien que dans un triste état de
dégradation, conservent encore un aspect imposant. Deux
belles coupoles recouvrent, l’une le tombeau du Sultan-
Barkouk, l’autre celui de sa femme ou de son fils, on ne
le sait pas bien.
La toiture est presque partout enfoncée. La belle mosaïque
qui recouvre le sol, les magnifiques marbres et porphyres
qui garnissent les murs, sont brisés, arrachés. J ’ai vu
une personne briser plus de vingt plaques en marbre d’un
des mihrabs afin d’en détacher une qu’elle convoitait. Pour
ce qui est des tombeaux, il n’en reste plus que des débris.
Les autres mosquées, au nombre de sept, se trouvent
dans une agglomération de maisons occupées par des
fellah, et d’un grand nombre d’enceintes entourées de
murs, sépultures concédées de familles notables du Caire.
La mosquée de Kaït-Bey est la dernière dont je parlerai,
bien que les. autres aient droit à une part de notre
admiration. Elte n’a qu’une coupole et un minaret, mais
d’un style tellement grandiose et délicat tout à la fois,
qu’on peut les considérer comme des modèles d’élégance
et de pureté. On est tellement d’accord pour estimer ce
monument comme un des plus admirables que possède
l’Orient, qu’il fait oublier tout ce qui l’environne, et que
le nom de Kaït-Bey est donné à l’ensemble de la nécropole.
Mais hélas, faut-il le dire ? faute de soins, d’entretien,
il subit le sort de tous les monuments de l ’Egypte ;
il tombe en ruines.