mais je puis assurer que pendant les journées du 7 et
du 8, il n a pas été fermé, du moins il en était ainsi
chaque fois que je me suis rendu au couvent.
Son Altesse Royale fut reçue au son des cloches et
au bruit de l’artillerie, par les religieux qui l’attendaient
à la grande porte de la cour. Le Père Antonius donna
lecture d un discours en français exprimant, outre le
bonheur qu ils éprouvaient de recevoir dans leur solitude
un prince pieux et éclairé, l’espoir de voir, dans un
avenir prochain, les diverses communions chrétiennes
réunies par une unité de croyance. Après que Son Altesse
Royale eut remercié les bons pères de l’accueil qu’ils lui
faisaient, et qu’elle se fut recommandée ainsi que la
famille royale, à leurs saintes prières, nous entrâmes
dans le couvent par le passage dont je viens de parler.
Nous nous rendîmes d’abord à l’église qui se trouve dans
un fond, car il faut descendre un escalier de quatorze
marches.
Cette église a été bâtie en 500 par l’Empereur Jus-
tinien et 1 Impératrice Théodora sur l’emplacement même
du buisson ardent où Dieu apparût à Moïse. L’intérieur
est divisé en trois nefs ; le pavement est formé de plaques
de marbres et porphyres de diverses couleurs; la nef du
milieu est surmontée de vitraux dans lesquels on voit, en
transparents, le soleil, la lune et des étoiles ; dans la nef
de droite, est un tableau sur mastic, représentant la sainte
Vierge et 1 enfant Jésus, peint, dit-on, par saint Luc.
La chaire de vérité est en beau marbre et taillée dans un
seul bloc. Au-dessus du maître-autel* est un grand tableau
de la transfiguration exécuté en mosaïque. Sur les côtés,
sont suspendus deux médaillons représentant l’Empereur
Justinien et l’Impératrice Théodora. On dit ces trois
tableaux extrêmement anciens.
Dans le choeur, à droite, est une chasse en forme de
tombe, renfermant les reliques de sainte Catherine. Cette
chasse ayant été ouverte avec toutes les formalités et
cérémonies prescrites par le rituel, un moine en retira la
tête et un bras de la Sainte, et une riche couronne. Les
reliques sont couvertes de pierres précieuses. On nous les
donna à baiser. A côté de la chasse, est une caisse en
argent sur le couvercle de laquelle, sainte Catherine est
représentée en grandeur naturelle et enrichie de pierreries.
A droite du choeur, est une petite chapelle où se trouve
une semblable caisse. Toutes ces richesses sont des cadeaux
de diverses Impératrices de Russie. Cette chapelle donne
entrée au Saint des saints qui est situé sous le choeur.
C’est la chapelle du buisson ardent. Tous ceux qui y
entrent, doivent, à l’exemple de Moïse, ôter leurs chaûs-
sures... Et Dieu ajouta : N’approchez’pas d’ici: ôtez les
souliers de vos pieds, parce que le lieu où vous êtes, est
une terre sainte. At Deus : Ne appropies, inquit, hue :
sblve calceamentum de pedibus tuis : locus enim, in quo
stas, terra sancta est (î). L’emplacement du buisson
(1) Exode, ch. III, v. 5.