la voie était encombrée par un train de marchandises qui
ne savait ni avancer, ni reculer. Après au moins une
demi-heure de retard, nous pûmes enfin continuer. Nous
passâmes devant Mahallet el-Kébir, la Cynopolis des
Grecs, petite ville qui possède plusieurs manufactures de
soieries, et où on conserve et montre aux voyageurs,
l’original de la version de la Bible de l’hébreu'en grec]
faite par les septante. Nous trouvâmes à Samanhoud,
l’ancienne Sébennytus où est né l’historien Manéthon ]
le vapeur sur lequel nous avions fait le voyage du Nil.
De Tantah à Samanhoud, nous vîmes le.long de la
voie, une immense quantité de ballots de coton; tes stations
en étaient encombrées. A défaut d’endroits convenables
pour les abriter en attendant qu’ils pussent être
expedies, ils étaient dans la boue, exposés à la pluie,
de sorte qu’il devait en résulter de grands dommages’
L’administration du chemin de fer faisait néanmoins tout
ce qui dépendait d’elle, mais le matériel dont elle pouvait
disposer pour les diriger sur le Caire et Alexandrie, était
insuffisant.
La branche de Damiette sur laquelle nous naviguions,
peut avoir à peu près les deux tiers de la largeur du Nil
immédiatement au-dessus du Caire. A droite, à gauche,
la campagne était couverte d’habitations et admirablement
bien cultivée. Ôn y trouve le froment, l’orge, le
n z , le Dourrah, l’indigo, le tamarin, le napeca, le hen-
neh, le mimosa, le chanvre, le colza, le trèfle, le bamyèh,
le meloukhieh, des concombres, des mêlons, et
diverses espèces de légumes. Sur la rive gaûche, entre
Samanhoud et Mansourah, et à une distance de quelques
minutes, on voit une éminence couverte de ruines : ce
sont les restes de l’ancienne xseujî et de son temple
d’isis.
Il était environ deux heures lorsque nous arrivâmes à
Mansourah, ville assez considérable située sur la rive
droite du fleuve, et qui expédie au loin les produits de
ses manufactures de toiles à voiles , de crêpes, d’étoffes
de coton et de lin. Mais cette ville est surtout célèbre
par un grand souvenir qui s’y rattache. C’est là que
saint Louis, après avoir vu, en 1250, son armée taillée
en pièces, subit une longue captivité. Sa prison existe
encore ; elle est près d’une mosquée dont elle a toujours
été une dépendance. C’est une pièce voûtée qui tombe
en ruines, où il n ’y a plus de porte, et dont le fond est
démoli. Elle était remplie de bois et de décombres: Il
est probable qu’avant peu il n’en restera plus rien, car
il’ est loisible à chacun d’en emporter les briques dont
elle est construite. Je me suis borné à en prendre quatre;
j ’aurais pu en avoir bien davantage. Elles sont d’une
argile contenant une grande proportion d’oxide de fer.
Nous avons à Mansourah, un agent consulaire qui habite
une belle maison située sur le bord du Nil.
A sept heures, nous étions à Damiette, l’ancienne
Tamiathis , ville d’une population de trente-cinq mille