ne peut soutenir la moindre comparaison avec l’eau du
Nil, surtout lorsque celle-ci est filtrée (i)- L’eau de la
mer, quoiqu’on ait pu faire jusqu’ici, conserve toujours
certains principes qui la rendent, désagréable au goût,
et offrent peut-être des inconvénients sous le rapport de
la préparation des aliments. Son usage prolongé n’est
probablement pas sans danger. Cependant, si le système
de M. West n’a plus de raison d’être pour Suez, depuis
l’achèvement du canal creusé par la Compagnie, il n’en
est pas moins certain, qu’en mer, il pourra rendre de
véritables services.
La ville de Suez ne paraît pas très-ancienne, et aucun
souvenir historique ne s’y rattache. La position qu elle
occupe a dû cependant être toujours importante, tant
sous le rapport stratégique, que sous celui du commerce
avec les Indes et l’Arabie. Il est donc probable qu’une
ville a existé vers ce point, dès les temps les plus re-
(1) « L’eau du Nil a toujours été d’un usage universel ; et si les anciens
divinisèrent le fleuve comme le Créateur et le père nourricier de l’Égypte,
ils ne lui devaient pas moins de gratitude pour les qualités essentiellement
bienfaisantes de ses eaux... L’analyse chimique a fait reconnaître que l’eau
du Nil est d’une grande pureté; qu’elle paraît très-bonne pour la préparation
des aliments et même pour les arts chimiques, où elle peut remplacer
l’eau de pluie dont le pays est privé, et l’eau distillée difficile à
obtenir en grande quantité, dans un pays où les combustibles sont rares.
Elle est surtout bienfaisante et salutaire pour l’espèce humaine ; elle est
peut-être la plus saine de toutes les eaux dè la terre... D’unanimes louanges
lui sont accordées par ceux, soit étrangers, soit naturels, qui en ont
fait usage dans toutes les saisons, et l’on croira sans peine qu’il en existe
à Constantinople, un approvisionnement pour l’usage du grand seigneur et
celui de sa famille. » (Champollion-Figeac. Egypte.)
culés. Nous trouvons effectivement des ruines en deux
endroits différents et à peu de distance, à Tell-Kolzoum,
et de l’autre côté du canal, sur la côte d’Asie, où quelques
uns placent l’ancienne Arsinoë.
Suez n’offre absolument rien de remarquable : des rues
étroites, sales, tortueuses ; des maisons ressemblant à
celles que nous avons vues dans toutes les villes arabes ;
quelques mosquées sans caractère monumental. La seule
curiosité qu’on y trouve, est une maison située sur le
bord de la mer, et qui a été habitée par le général
Bonaparte. Sa population est aujourd’hui d’environ 1500
habitants. Dans ce que je viens de dire de Suez, je n’ai
eu en vue que l’ancienne ville ou quartier arabe ; le quartier
européen est bien différent. Il consiste en belles et
confortables maisons habitées par des consuls, les employés
des agences du transit française et anglaise, des
commerçants de diverses nations. Ce quartier est situé au
nord de la ville, le long du port, devant la station du
chemin de fer qui se trouve sur le quai même. L’agence
anglaise a établi un magnifique hôtel pour y loger ses
passagers qui vont aux Indes ou en reviennent. C’est
l'hôtel Péninsulaire. On peut, sous tous les rapports, le
placer sur la même ligne que les meilleurs des principales
villes de l’Europe. Sa vaste cour centrale est un véritable
parterre formé de caisses contenant de superbes plantes
et arbustes. L’agence française a aussi son hôtel, Vhôtel
de France, mais qui n’a ni l’étendue, ni l’élégance du