dans les villages de peu d’importance. Mais elles diffèrent
beaucoup entre elles, tant sous le rapport de la
richesse, de l’élégance du costume, que sous celui de
leurs talents et de leur beauté.
Toute la journée du 23 fut consacrée à visiter les
bazars et les magasins d’antiquités. Quelques marchands
possèdent une assez grande quantité d’objets de peu
d importance, de peu de valeur, et pour lesquels néan-
moins, ils manifestent^ des prétentions exorbitantes, de
sorte qu’il est presque impossible de rien acheter. Il
faut apporter beaucoup d attention pour ne pas accepter
comme anciens, des objets de fabrication récente
auxquels on a donné une teinte de vétusté. Il existe même
plusieurs fabriques d’antiquités ; on nous en a signalé
une dans les environs de Thèbes. Ce sont des Coptes qui
se livrent à cette industrie.
Le 24 , dans la matinée, accompagné de M. le vicomte
Zizinia, j allai de nouveau, ainsi que je me l’étais bien-
promis , visiter les tombeaux des Khalifes, admirer ces
beaux monuments que je ne verrai probablement plus
jamais.
Dans l’après-midi, les voitures du désert de Son Altesse
le Vice-Roi, vinrent nous prendre pour nous conduire
à la forêt pétrifiée. Ces voitures sont très-légères,
ont, des roues en fer assez larges pour ne pas enfoncer
dans le sable.Elles sont attelées d’au moins quatre chevaux.
C’est dans le désert, à deux lieues du Caire, que
commence cette curiosité de l'Egypte. Après nous être
engagés dans un vallon entre les monts El-Ahmar et
Mokattam, nous gravîmes un plateau au revers oriental
de ce dernier^ Mais la pente est tellement forte' que
les voitures ne purent plus avancer et que nous fûmes
obligés de continuer à cheval. Sur cette pente et sur
-tout le plateau qui est d’une grande étendue, on trouve
des fragments de bois pétrifiés, de toute grosseur, de
toute dimension ; des troncs d’arbres ayant deux et trois
mètres de longueur. Il y en a une telle quantité, qu’on
les a considérés comme les restes d’une vaste forêt qui
existait en cet endroit. Ce bois est passé à l’état de silex
et même d’agathe. Ils sont entremêlés de nombreux morceaux
de -grès ferrugineux et de poudingues formés de
silex roulés et d’un sable à gros grains. Ces bois pétrifiés
sont des palmiers. On dit qu’il y a des bambous ; je n’en
ai pas trouvé. i
Le 25, jour de la Noël, nous assistâmes dans l’église
du couvent latin, à la messe pontificale, célébrée par
Monseigneur l’Évêque du Caire. Une particularité m’a
beaucoup étonné, c’est la prière pour le souverain qui
était ainsi conçue : Domine salvvm fa c imperatorem nos-
trum Napoleonem. J ’ignorais que le clergé latin du Caire
reconnût pour souverain, l ’Empereur des Français; mais
l’Egypte est le pays des surprises, où tout, pour un Européen,
est nouveau et étrange. La France, il est vrai,
est une des puissances protectrices des saints-lieux, et