pas deux fois au même homme, particulièrement à celui
qui n’a d’abord pas su la saisir.
Me promenant dans un des quartiers arabes, je rencontrai
un cortège fort bruyant, précédé d’une musique
telle qu’on en entend dans les villes de l’Orient. Je vis
d’abord un petit bonhomme d’environ sept ans, tout
habillé de rouge, monté sur un âne et environné de ses
parents. Il faisait une piteuse figure. On me dit qu’il
venait de subir 1 opération de la circoncision. Je croyais
que cette opération qui est prescrite par la religion de
Mahomet, était pratiquée dans une mosquée et par un
iman, mais j ’étais dans une complète erreur. Elle est
abandonnée au premier venu, et presque toujours à un
barbier.
Ce cortège était suivi d’un second, mais bien différent;
c’était une noce de gens du peuple. Le peuple ,
en Orient, de même qu’en Europe, célèbre ses fêtes , |
prend ses divertissements, dans les rues. Derrière la
musique, marchait la mariée, qui était une enfant de huit
ans, tout au plus, ainsi qu’on me l’a assuré. Elle ne
paraissait pas, du reste,-en avoir davantage. Elle était
voilée, non à la manière des femmes qu’on rencontre
p arto u t, et dont on voit néanmoins une partie de
la figure, surtout les yeux, mais couverte depuis la
tête jusqu’aux pieds, d’une grande pièce d’étoffe ornée
de divers bijoux. Tous ces bijoux, cependant, ne lui appartenaient
pas; pour Cette cérémonie, on les emprunte
aux parents, aux amis, aux voisins. Le mari suivait sur
un âne. C’était un homme de quarante-cinq à cinquante
ans qui ne se mariait certainement pas pour la première
fois. Derrière, venaient des espèces de chars et voitures
dans lesquels tous les parents et amis étaient entassés. Je
demandai si un tel mariage était bien sérieux ; il me fut
répondu que tout était sérieux en Orient, que cette
femme était conduite chez son mari qui la recevrait dans
son lit.
Le soir, lorsque après le dîner, nous étions à prendre
le café et fumer le tchibouk, nous entendîmes un bruit
de chevaux et une musique arabe. Nous nous rendîmes
sur le balcon, et nous vîmes une longue suite de voitures
éclairées par des hommes qui portaient des flambeaux.
C’était encore une noce;, mais d’un autre genre. On conduisait
ainsi la mariée au harem de son mari, qui, en
la recevant chez lui, allait la voir pour la première fois.
En Orient, chez les peuples mahométans, les mariages
ne se font pas comme chez nous ; on se marie sans s’être
vus et d’après les renseignements qu’on a pu recueillir.
Les mères, les soeurs, les frères , sont ordinairement les
intermédiaires pour les mariages. On conçoit l’impatience
des nouveaux époux et combien grand doit quelquefois
être leur désappointement. Il reste, il est vrai, la
répudiation, mais c’est un moyen extrême, onéreux, hérissé
de nombreuses difficultés. La loi de Mahomet, en
laissant cette faculté à l’homme, a voulu néanmoins qu’il