est possible, sans qu’il soit besoin de grands travaux.
Les canaux d’irrigation n’étant plus entretenus, n ont
pas tardé à se combler ; les sables du désert n étant plus
arrêtés dans leur marche envahissante, ont bientôt tout
recouvert.
Depuis Mohammed-Ali, l’Égypte, ü faut en convenir>
a fait un grand pas vers la civilisation. L’étranger y
est accueilli, ses croyances sont respectées. Le gouvernement
a compris combien le pays était en arrière concernant
tout ce qui a rapport aux arts et à l’industrie ;
il a donc été contraint de faire appel aux capacités de
l’Europe, d’envoyer dans-nos capitales, quelques-uns de
ses sujets afin de s’initier à nos connaissances. Mais, hélas,
l’Égyptien n’a guère encore appris qu’à se laisser exploiter,
et on ne peut se le dissimuler, dans l’état où se
trouve le pays, c’est un nouveau progrès.
La loi de Mahomet est, comme on sait, un obstacle
bien difficile à renverser. Le Goran, pour les Musulmans,
est le code à la fois civil et religieux. Mais tous les Égyptiens
ne sont pas Musulmans. De là des difficultés de
toute nature et d’autant plus insurmontables, qu’ilne peut
y avoir aucune uniformité dans la législation, même parmi
les sujets du Vice-Roi, chaque croyance ayant son code à
¡elle, ayant ses usages qui ont force de loi. Les étrangers,
entre eux, ne sont justiciables que de leurs consuls et des
tribunaux de leurs pays. Lorsqu’il y a eu crime ou délit
envers des Égyptiens ou leurs propriétés, le consul de la
nation de l’accusé, est appelé à siéger parmi les membres
du tribunal dont la cause ressort. Mais il arrive dans ces
sortes de questions, que le consul décline la compétence
de ce tribunal, décide que son justiciable a été insulté,
provoqué, qu’il ne doit pas être puni, mais encore qu’une
réparation lui est due, et cette réparation il sait toujours
l ’exiger. Les consuls sont donc, en Égypte, des hommes
considérables, des petits potentats qui non-seulement
traitent sur un pied d’égalité avec le souverain, mais lui
imposent leurs volontés. Nous avons pu juger avec quelle
dureté,- quel arbitraire, ils agisssent quelquefois. Ainsi,
ces Vice-Rois si despotes envers leurs propres sujets, tremblent.,
cèdent toujours devant lé consul de n’importe la
nation à laquelle il appartient. On concevra facilement
dans quel désordre doit se trouver un pays régi par de
semblables institutions.
Mais il 'est d’autres causes qui condamnent !’Egypte
à cet état d’infériorité qui ne lui permettra pas, d ici à
longtemps, de prendre place au premier rang des nations
civilisées. Les Vice-Rois, si petits devant les consuls et
les nations qu’ils représentent, sont pour leurs sujets, je
viens de le dire, les plus insupportables despotes. Ils
s’imaginent que toute la jiation n’existe que pour leurs