moins une vingtaine, entre lesquels on remarque de
nombreux sauts ou rapides. La navigation est plus facile
pendant les hautes crues ; néanmoins elle n’est jamais
interrompue, surtout le long de la rive gauche. Lors
des fortes crues, les barques à voiles peuvent facilement
passer ; mais pendant les eaux basses, elles
doivent être tirées et poussées à l’aide d’un grand
nombre d’hommes.
Portés sur une frêle chaloupe qui était fortement
secouée, nous eûmes la hardiesse de remonter jusqu’à
l’île de Séhaïl, la plus avancée au Nord, à une lieue et
demie de l’île d’Eléphantine. Il eut été téméraire de
vouloir pousser plus loin ; nous redescendîmes donc après
avoir visité cette île, où on trouve encore l’emplacement
d’un ancien temple de l’époque des Ptolémées.
Séhaïl est intéressante par le grand nombre d’inscriptions,
de figures, tracées sur ses.rochers. Depuis As-
souan, tous les rochers de la côte et même ceux qui
forment les récifs, sont aussi couverts de ces sortes de
caractères, de figures.
Sur la rive droite, les hauteurs sont surmontées de
tombeaux avec dômes et minarets. On y voit une partie
des murailles de la ville arabe. Entre les rochers et la
rive, quelques colonnes, débris d’un petit temple, sont
les restes de l’ancienne Syène des, Romains.
A notre retour au vapeur, Ismaïl-Pacha se rendit à
terre et tint 'divan devant le débarcadère, sur une place
\
ombragée par des sycomores, et entourée de bancs en
terre. .Tous les fonctionnaires de la ville et probablement
des environs, vinrent lui baiser la main et prirent
ensuite place sur les divans, c’egt-à-dire les bancs en
terre. Ismaïl-Pacha paraissait très-sévère ; ses subordonnés
étaient craintifs et respectueux. On nous a rapporté
qu’il était question * du retard qu’avait éprouvé
1 envoi*des chevaux, etc., que nous devions trouver sur
la rive lors de notre arrivée.
En attendant le dîner, je parcourus la ville, qui est
grande, bien que sa population ne s’élève pas à plus de
4,000 habitants. Elle est située à l’Est de la ville arabe,
dans un fond, et est bordée au nord-est par un bois de
dattiers et des jardins. Ses bazars sont grands, abondamment
pourvus dè toute espèce de marchandises,
particulièrement, de dattes sèches, de gomme arabique,
de séné, de dourrah, d objets en ivoire et en terre, d’un
travail assez soigné, de paniers x de plateaux, de corbeilles,
tressés en paille, en jong. C’est à Assouan que
s arrêtent be aucoup de marchands venant de Soudan,
de Khartoum, etc., et qui ne peuvent continuer jusqu’au
Caire. Il doit donc s’y traiter beaucoup d’affaires ; aussi
y voit-on une grande quantité de ballots, de caisses,
entassés sous des hangars et même déposés le long du
quai, qui est une bonne construction en maçonnerie.
Les chameaux sont parqués dans de vastes enclos situés
hors d e la ’ville.