Plus ta rd, Mourad-Bey et moi, nous avons accompagné
Son Altesse Royale qui voulait visiter les jardins du
palais de Choübra. Choubra est un village situé sur la
rive droite du Nil, à l’extrémité d’une magnifique allée
bordée de sycomores et d’acacias. Le palais est habité
par Alim-Pacha, frère du Vice-Roi.
Ces jardins sopt vastes, riches en plantes et arbustes ,
mâis nous ont paru négligés. Au centre est un bassin
carré en beau marbre de Carrare, au milieu duquel on a
construit une île en même marbre. Il est entouré d’une
galerie à colonnades. Au milieu de chacun des côtés, sur
une espèce de jetée, s’élève un beau kiosque dans lequel
il y avait des fauteuils, une table, etc. A chaque angle,
on voit un grand lion aussi en marbre de Carrare, placé
devant la porte d’un salon .richement meublé. Dans un
de ces salons , se trouvent un billard et un tableau
représentant Mohammed-Ali en grandeur naturelle. Nous
avons aussi remarqué quelques paysages peints par Son
Altesse Alim-Pacha. Au moment de notre visite, toute la
galerie était encombrée de coton provenant de la récolte
d’un champ voisin.
L’allée de Choubra est la plus belle que nous ayons
vue en Egypte. Elle s’étend de la porte de fer à l’entrée
du palais éloigné d’environ une lieue. C’est une
délicieuse promenade où l’on rencontre les plus élégants
équipages. Les arbres qui la bordent sont magnifiques,
cependant ils ont failli disparaître. Abbas-Pacha
les avait condamnés, et s’il eût vécu encore quelque temps,
ils auraient été abattus. Le long de cette allée et aux environs
de la station, sont les villas des principaux Européens
qui habitent le Caire.
Le 17, au matin, désirant me rendre au vieux Caire
ou Postât, je me fis accompagner d’un drogman nommé
Prospère qui nous a suivis dans notre voyage du Nil. C’est
un Européen venu en Egypte pour y chercher fortune.
La connaissance de neuf langues, une extrême. activité,
beaucoup de probité, ont pu à peine lui procurer une
existence modeste, .tant est capricieuse cette fortune qui
prodigue souvent ses faveurs à ceux même qui ne font
rien pour la mériter.
Ce fut Amrou, lieutenant du khalife Omar, celui dont
j’ai déjà fait mention én parlant de la bibliothèque
de Cléopâtre à Alexandrie, qui bâtit le vieux Caire, en
640. Le nom de cette ville était Postât, et ce ne fut que
plus tard, lors de la fondation du Caire, qu’il fut changé
en celui de Vieux-Caire.
Cette ville située sur la rive droite du Nil, était jadis
florissante et très-étendue,- mais elle a été plusieurs fois
saccagée et brûlée. - Aujourd’hui ce n’est plus qu’une
simple bourgade environnée de ruines. Sa population
actuelle se compose particulièrement de Coptes dont le
quartier est entouré de fortes murailles et fermé de
portes. Cette enceinte est une construction romaine
qui a dû être celle de Babvlon. Les Coptes y ont une église