Eïcl et sa soeur jeune et intéressante veuve, toutes deux
jolies et d’un embonpoint assez prononcé. Après le café
et le tchibouck qu’il faut partout et toujours accepter,
nous causâmes de l’Europe et de notre voyage.
Le 18 , accompagnée de Mariette-Bey et de Sa suite ,
Son Altesse Royale s’est rendue à Kasr el-Nil, où un
vapeur du Vi'ce-Roi l’attendait pour la conduire aux pyramides
de Sakkarah, à Memphis et au Sérapéum.
Depuis le Caire jusqu’à une distance d’environ trente
lieues, on compte soixante-sept pyramides', toutes sur la
rive gauche du Nil. Deux sont en briques ; lés autres ont
été construites avec des gros blocs de calcaire grossier, le
même qui a servi à élèver la citadelle et les monuments
du Caire. Toutes sont orientées, excepté une qui se trouve
parmi celles de Sakkarah.
Sur la rive droite du fleuve, nous jouîmes d’une vue
magnifique; les minarets du vieux Caire, des palais, des
villas appartenant à des membres de la famille régnante
ou à des riches particuliers, contrastent avec l’espect
triste et presque désert de la rive gauche.
Nous ne perdîmes pas de vue les trois grandes pyramides
de Gizèh que nous dépassâmes, mais qui devaient
être bientôt le but d’une nouvelle excursion.
Après un trajet d’environ cinq lieues, nous débar-
quâmés, et nous nous engageâmes dans un grand bois de
dattiers. Ayant demandé à Mariette-Bey si nous étions
encore loin de l’emplacement de Memphis, il nre répondit
que le sol que nous foulions aux pieds, était
celui de cette célèbre métropole de l’Égypte dont le circuit,
selon Diodore, avait environ six lieues. Ce qui
reste de cette ville immense ne permet pas de déterminer,
même approximativement, les limites de son enceinte.
Il paraît, cependant, qu’elle s’étendait de Sakkarah au
Nil; ainsi, les deux misérables villages arabes; Mîtrahim
et Bédrécheïn, un bois de palmiers, voilà tout ce qui
couvre ce sol où se déployaient autrefois tant de merveilles.
De la ville de Memphis, il ne reste rien que des
rares morceaux de briques, quelques statues mutilées.
Celle de Sésostris qui est colossale, est la seule que nous
ayons vue. Elle a été taillée dans un calcaire siliceux,
et a dû être belle, d’après ce qu’on peut en juger par
son état actuel. Renversée dans un trou souvent rempli
d’eau, il n’est pas toujours possible de la voir. Du temps
de Jésus-Christ, elle devait déjà s’y trouver.
Mais grâces aux sables du désert qui ont envahi
et recouvert les constructions souterraines, la nécropole
de Memphis a été conservée. Des parties considérables
ont déjà été déblayées, et il ne sera pas impossible
de parvenir à de nouvelles et importantes découvertes.
Cette nécropole est située au nord-ouest des pyramides
de Sakkarah que nous devions d’abord visiter. Elles
sont au nombre de dix, mais plusieurs ne présentent
plus que des tas de pierres. Quelques savants ont même
prétendu qu’il n ’y a eu que huit pyramides à Sakkarah,