voiture de M. le comte Zizinia. Après avoir traversé
une partie du quartier turc, nous arrivâmes à l’hôtel
où j’étais attendu, situé sur la place des Consuls. Je
fus accueilli avec la plus grande affabilité, avec cette
aisance qui n’est familière qu’aux personnes de la meilleure
société, par M. le vicomte Zizinia, notre consul
à Alexandrie,
Après que, Selon l’usage du pays, on m’eut offert le
café et le tchibouk, je procédai à mon installation et nous
nous rendîmes à une villa située à une demi-lieue
d’Alexandrie, où je trouvai M. Zizinia père et le restant
de la famille.
Nous suivîmes d’abord une assez longue rue. Laissant
sur notre droite, une éminence très-élevée sur laquelle est
situé le fort Napoléon construit sur l’emplacement même
de l’ancienne acropole ou citadelle, nous gagnâmes la
grande rue du Bruchion q u i, s’étendant de la porte de
Canope jusqu’à celle de la nécropole, divisait l’ancienne
Alexandrie en deux quartiers, celui de l’Est, nommé Bruchion
• celui de l’Ouest, Rhacotis. Cette rue nous conduisit
à la porte de Rosette ; mais avant d’y arriver, nous
traversâmes un espace jonché de ruines et de colonnes
brisées. On croit qu’elles proviennent du Gymnase qui
devait être situé en cet endroit. La porte de Rosette
était défendue par des fortifications maintenant,en ruines,
construites par Mohammed-Ali et consistant en une double
enceinte, trois ponts dont un levis, et plusieurs ouvrages
avancés. Sur les, côtés de la porte, de nombreux et vastes
bâtimehts qui ont servi de. casernes, sont abandonnés et
dans le plus grand délabrement. Jusqu’au canal Mahmou-
dièh creusé en grande partie sur l’emplacement de 1 ancien
canal canopique, nous suivîmes une route bordée d’acacias
et de tamaris, à travers un terrain nu, inculte, recouvert
de quelques ruines, restes de la ville des Ptolémées.
Nous laissâmes‘à notre gauche, les cimetières catholique,
copte, grec et anglais, qui occupent, d’après ce qu’on
croit, l’emplacement de l’ancien hippodrome. Un peu plus
loin, est un vaste et beau bâtiment où se trouve une
puissante machine hydraulique qui élève l’eau du canal
Mahmoudièh à une hauteur de quarante cinq pieds, la
déverse dans un immense réservoir d’où elle est portée
dans toute la ville et les environs, en quantité abondante
et à un prix extrêmement minime. Quelle que soit la
quantité d’eau qu’on emploie, la cotisation est fixée à un
franc par personne et par mois.
■ C’est par ce canal que l’eau du Nil arrive à Alexandrie.
Comme elle est la seule qui y soit potable, il a toujours
été facile à ceux qui ont assiégé la ville, de la contraindre
bientôt à se rendre par suite du manque d eau douce.
Dioctétien et d’autres conquérants après lu i, ont eu recours
à ce moyen. Cette eau est délicieuse lorsqu elle est
filtrée. Pour la conserver bien fraîche, on a coutume de
la tenir dans des vases poreux, afin que l’évaporation
produite à la surface absorbe le calorique.