Nous achetâmes à Derr, divers objets en tissu de paille
et de roseau, tels que plateaux, corbeilles, etc. Nous
pûmes aussi nous y procurer plusieurs casse-tête en un
bois extrêmement d u r, nommé bois de fer.
Le grand nombre de dattiers cultivés à Derr et dans
tous les environs, procurent une abondante récolte ; aussi,
la branche principale du commerce, est la vente et l ’échange
de dattes sèches. Notre bon Ibrahim, voulant donner à
Son Altesse Royale, un témoignage de sa munificence,
ne crut pouvoir mieux le faire qu’en envoyant à b o rd ,
plusieurs balles de dattes sèches ef un pot de confites.
Un jeune garçon , sale, dégoûtant, tout couvert d’ulcères
, avait pris d’Oultremont en affection et le suivait
partout; il manifestait le désir de s’attacher à lui. Nous
eûmes bien de la peine à nous en débarrasser.
Vers le soir, nous passâmes devant Ibrim situé sur la
rive droite, et nous pûmes encore voir sur le haut d’un
rocher, le château occupé en 1811, parles Mamelouks
échappés au massacre du Caire, et détruit par Ibrahim-
Pacha, après qu’il s’en fut fendu maître. Le village d’Ibrim
occupe l’emplacement de l’ancienne Primis Parva.
Comme Son Altesse Royale désirait arriver le lendemain
de bonne heure, à Abou-Simbel ou Ibsamboul, le vapeur
marcha toute la nuit. Mais nous fûmes réveillés par des
manoeuvres exécutées pour nous faire franchir un passage
dangereux, une espèce de rapide formée par des rochers
qui s’élèvent du fond du fleuve. Nous étions devant un
endroit nommé Tosko. Après un retard de plus d’une
heure, nous pûmes continuer notre route.
Le 10, vers onze heures du matin, nous vîmes sur le
rocher qui s’avance jusque sur la rive gauche du Nil, un
bas-relief sculpté, représentant Osiris assis, et devant
lui, un suppliant qui lui tend les bras. Nous étions à
Abou-Simbel.
Quelques pas plus loin, est l’entrée du petit temple
ou temple d’Isis. Il est élevé de vingt pieds au-dessus dn
niveau actuel du Nil et creusé dans le rocher. Il est d’une
conservation parfaite. « Des deux côtés du portail, on
voit six statues colossales, trois d’un côté et trois de
l’autre ; leurs regards sont tournés vers le fleuve ; elles se
tiennent debout, un pied avancé devant l’autre. Chacune
est accompagnée de deux figures plus petites, de six pieds
et demi de hauteur. On voit d’un côté , un jeune Osiris,
le menton couvert d’une barbé légère et la tête parée
d’une tiare ; deux petites statues de quatre pieds de
hauteur, sont placées à côté de lui ; près de lu i , est une
statue d’Isis portant Horus dans ses bras ; son visage
exprime la bienveillance et la majesté; à côté d’elle, est
un jeune homme, les bras pendants et la tête couverte
d’un bonnet très-élevé. On voit de l’autre côté, deux
statues du même jeune homme, et entre elles , la statue
d’Isis, la tête parée du globe et portant les deux serpents
sacrés.
« Une porte étroite et élevée conduit dans la salle du