compagner Son Altesse Royale qui alla voir des magnifiques
chevaux arabes appartenant à un Turc possesseur d’une
immense fortune. Son habitation est une des plus belles
du Caire. Nous fûmes introduits dans un riche salon au
milieu duquel était un grand bassin en marbre. Après
qu’on nous y eut offert le café et le tchibouk | nous passâmes
dans une vaste cour carrée dont un des côtés était
occupé par les écuries. Des gazelles, des daims , des autruches
, s y trouvaient en assez grand nombre et ne
parurent pas effrayés de notre présence. Après que nous
eûmes pris place sur des sièges qui nous* furent apportés,
on commença à amener les chevaux devant Son Altesse
Royale. Afin de permettre de les bien apprécier, on leur
faisait prendre les diverses allures, et l ’heureux propriétaire
donnait tous les renseignements désirables sur leur
âge, leurs qualités, etc. Mais ils étaient en si grand
nombre, que nous restâmes ainsi pendant plus de deux
heures, et que Son Altesse Royale dut renoncer à les
voir tous. Pendant que nous étions à admirer ces chevaux
arabes de pur sang, les plus beaux certainement que
nous ayons rencontrés en Egypte, nous vîmes plusieurs
jeunes demoiselles habillées à l’européenne, traverser la
cour. J ’appris qu’elles étaient les filles d’un Français
chargé de la direction des écuries, et qui.se donnait le
titre peut-être réel, d’écuyer-vétérinaire.
Le propriétaire de ce riche haras, était si heureux de
l’honneur que venait de lui faire Son Altesse Royale, qu’il
ne savait comment lui en témoigner sa reconnaissance.
Il la pressait de choisir, dans ses écuries, le cheval qui lui
plairait le mieux; mais une telle offre ne pouvait être
acceptée par Son Altesse Royale qui savait, par expérience,
que les chevaux arabes ne supportent pas les influences
de notre climat. Elle déclara donc, en exprimant
ses sincères remércîments, qu’elle aimait trop les chevaux
pour les vouer à une mort certaine.
Son Altesse Royale réunit à sa table, pour le dîner,
quelques hauts fonctionnaires, et plusieurs étrangers de
distinction qui étaient venus visiter l’Égypte. M. Eïd
vint ensuite me prendre pour faire une promenade à âne
dans les rues du Caire. Nous nous fîines précéder d’un
zaïs' portant une lanterne ; mais malheureusement les
bougies s’éteignirent et nous nous trouvâmes dans une
complète obscurité au milieu d’un dédale de rues étroites
et tortueuses. Pour comble de désagrément, nous y rencontrâmes
, ce qui n’est pas ordinaire au Caire, un grand
nombre de personnes contre lesquelles nous allâmes nous
heurter. Nous faillîmes nous attirer des affaires et peut-
être même nous /faire écraser. Un instant, ne voyant,
n’entendant plus, ni M. Eïd, ni mon ânier, je me crus
en danger de passer une nuit fort désagréable, car je
n’avais guère de chance de rencontrer quelqu’un avec
qui je pusse m’expliquer pour me faire remettre sur mon
chemin. Enfin, une lumière brilla, et je reconnus notre
zàïs qui nous cherchait. Nous ne jugeâmes pas convenable