Dans le jardin, se trouve un vieux bâtiment avec une
tour élevée, dit-on, par sainte Hélène. A'côté, est l’ossuaire
que les auteurs de l’Itinéraire de l’Orient, appellent
chambre des morts. Je vais rapporter ce quils en
disent, pour démontrer ensuite combien ils ont été induits
en erreur par ceux qui leur ont fourni des renseignements
« Une des parties les plus singulières de
cette retraite cénobitique, c’est leur chambre des morts.
Cet usage tient à la fois de l’ancienne Egypte et des
îles sauvages de l’Oceanie. L endroit est au milieu du
jardin. Nous laissons parler M. Robinson ; « C’est un
pavillon à demi souterrain, èomposé de deux pièces, ou
plutôt de deux cryptes ; l’une contient les ossements des
prêtres, l’autre ceux des frères lais. Le corps des morts
est d’abord déposé pendant deux ou trois ans, sur une
grille en fe r, dans un autre caveau ; puis le squelette
est désarticulé et transporté dans 1 une des deux premières
cryptes. Les ossements y sont entassés en piles
régulières, les tibias, les bras, les cotes, les crânes, etc.,
chacun dans une pile distincte. Les squelettes des archevêques
sont les seuls que 1 on gardé à part et entiërs,
recouverts de leurs vêtements pontificaux, dans des espèces
de coffres de momies (1). » Voici maintenant ce qui en
est ; Dans un caveau dont l’ouverture est tellement petite
et basse qu’il faut fortement se baisser pour y passer,
(1) Page 887, édition de 1861.
se trouve, à gauche en entrant, un énorme tas de crânes
symétriquement arrangés; dans le fond, tous les autres
ossements sont, pêle-mêle, disposés en forme d’un mur.
On voit appendus au mur, les ossements et le office d’un
solitaire mort il y a environ deux siècles. Ce premier
caveau contient les ossements des frères lais. Il donne
entrée, sur la droite, à un second caveau où les ossements
des prêtres sont arrangés de la même manière.
Près de la porte, est le squelette aceroupi d’un solitaire,
recouvert d’une toile grisâtre, et ayant sur le crâne,
une espèce de bonnet. Les restes des évêques (non des
archevêques) sont déposés dans des caisses en bois d’environ
trois pieds de longueur sur un et demi de largeur,
et ayant tout-à-fait la forme des caisses à sucre qu’on
voit chez nos épiciers. Ces caisses sont étiquetées et placées
les unes sur les autres . Dans une caisse se trouvent
les chaînes et les ossements de deux frères qui, après un
long et dur esclavage, ont pris l’habit religieux.
Tous les corps des morts sont enterrés, et après environ
trois années, leurs ossements sont exhumés pour
entrer à l’ossuaire. Dans le caveau des frères, nous
avons vu plusieurs paniers en paille contenant les restes
des derniers exhumés. Pendant que nous visitions ces
caveaux, un religieux se tenait près de la porte avec un
encensoir.
D’Oultremont et moi, accompagnés d’un guide, nous
nous sommes rendus dans le Wadi-Ledja pour voir la