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 précision du tir de M.  le comte d’Oultremont. Des bandes  
 nombreuses  de  pigeons,  d’ibis,  permettaient  au chasseur  
 le moins  adroit  de  faire  de  nombreuses  victimes.  Mais  
 M.  d’Oultremont  ne manquait  pas  de  toucher  celüi  des  
 oiseaux  qu’on  lui  indiquait,  même  pendant  son  vol  et  
 au milieu  d’une bande.  Plusieurs  corbeaux  ont  aussi  été  
 abattus,  à  notre  grand  regret,  car  les  propriétaires  des  
 terrains  sur  lesquels nous  nous  trouvions,  considèrent ces  
 oiseaux,  peu communs  du reste,  comme préservant leurs  
 moissons  de  certains  vers  et  insectes  qui  font toujours  
 beaucoup  de  ravages. 
 Il était dix heures et vingt minutes,  lorsque  le  vapeur  
 se remit en marche. 
 Le  soleil était radieux,  l’air  d’une  pureté  dont  on  ne  
 se fait pas une idée dans  nos  brumeux pays.  Cette  pureté  
 de  l’air  le  rend  d’une  transparence telle  qu’on peut  distinguer  
 les  objets  à des distances  étonnantes. 
 Presque  sur  toute  la  longueur  du  N il,  depuis- les  
 pyramides  de  Gizèh  jusqu’à  la  seconde'cataracte,  les  
 terrains  sont  exhaussés à une hauteur que  les plus hautes  
 crues  ne  peuvent  atteindre;  ainsi,  on  ne  doit  plus  
 compter sur les  débordements  qui  étaient  réglés  par  des  
 systèmes  d’endiguement  qui  sont  abandonnés  aujourd’hui, 
   mais  dont  on  voit  encore  des  traces.  Les  irrigations  
 nécessaires  à  la  culture  des  terres,  se  font donc  
 partiellement  par  chaque  propriétaire  des  terrains  riverains, 
   au moven  de certains manèges dont  je  vais  donner  
 une  courte  description.  Il  en  résulte  que  le  nombre  de  
 ceux-ci  doit  être  considérable,  et  nécessite  une  grande  
 perte de temps  et de bras qui pourraient  être  plus  utilement  
 employés.  Mais  le  plus  fâcheux  inconvénient  des  
 movens actuellement en  usage,  c,est  que  partout  où  des  
 canaux  ne  sont pas creusés  pour  porter  au loin  l’eau du  
 Nil,  une  grande  quantité de terres  fertiles  ne  présentent  
 plus  que  des  plaines incultes et sablonneuses.  Ces  canaux  
 qui  existaient  autrefois,  sont  aujourd hui,  par  manque  
 de  soin  et  d’entretien,  plus  ou moins  ensablés,  de'sorte  
 que les principaux  seuls,  peuvent  encore  livrer  passage 
 aux eaux. 
 Les  moyens  artificiels  en  usage  pour  l’irrigation  des  
 terres,  sont  au  nombre  de  trois.  Le  premier  consiste en  
 une  roue  garnie  de  pots  sur  toute  sa  circonférence,  et  
 mise  en mouvement par un ou plusieurs boeufs,  au moyen  
 d’une  seconde  roue  à  engrenages  et  placée  horizontalement. 
   Les  pots  s’emplissent  lorsqu’ils  sont  dans  l’eau,  
 et  se vident dans une rigole ou  un  chenal  en bois,  lorsque  
 parvenus  au  sommet,  ils  s’inclinent  pour  la  descente.  
 Quelquefois,  ces  pots  sont  remplacés par de  simples  cavités  
 disposées ad hoc dans l’épaisseur même  de  la  roue.  
 Cet appareil est nommé  sakyèh par les Arabes.  Il  est considéré  
 comme moins ancien que les  deux  autres qui  existaient  
 déjà,  dit-on, lors de la construction des monuments  
 dont nous  avons visité les ruines.  Sans  rechercher  ici  s’il