ardentes, et la montagne toute couverte de fumée, car
elle est au pied du haut pic du Gébel-Mouça, celui où
Moïse a reçu les tables de la loi... Or tout le peuple
entendait les tonnerres et le son de la trompette, et
voyait les lampes ardentes et la montagne toute couverte
de fumée. Cunctus autem populus videbat voçes et lam-
padas et sonitum buccinæ, montemque fumantem (i,).
Un cimetière arabe est à l’extrémité de cette plaine, un
peu avant l’entrée de Wadi-Cho’Aïb, appelé vallée d’Aaron.
Ce nom lui vient d’une montagne qui se trouve sur
sa gauche, que les anciens ont nommée mont Aaron, et
qui est désignée sur les cartes , par la dénomination de
Gébel ed-Deïr, montagne du Couvent, à cause qu’on y
voyait jadis une chapelle et quelques cellules. Le nom
d’Aaron a été donné au-Gébel ed-Deïr, parce qu’on croit
que le tabernacle y est caché. Mais ceci n’est qu’une
tradition qui ne repose sur aitcune donnée sérieuse. En
Palestine, on est persuadé que c’est dans le mpnt Nebo
que le tabernacle doit se trouver. Sur la. droite de la.vallée,
est le Gébel-Mouça. C’est à son pied que s’élève le
couvent dédié à Sainte-Catherine. Cette vallée n’a pas
plus, de vingt-cinq minutes de longueur et est partagée
en deux parties par une très-petite plaine.
On croit généralement que le couvent du Sinaï est
situé sur le haut de la montagne ; on est tout étonné de
(1) Exode, ch, XX, vers. 18.
le voir à son pied. Avant d’y arriver, on passe devant une
briquetêrie à laquelle font suite des jardins en terrasses.
Dans les temps anciens, il appartenait à des religieux
latins : depuis longtemps,, ils en ont été dépossédés par
les Grecs schismatiques. Lors de notre visite, il renfermait
trente et un religieux dont dix-sept prêtres.
Ce couvent est un bâtiment ayant la forme d’un carré
irrégulier de deux cent quarante-cinq pieds de long sur
deux cent quatre de large. C’est une véritable forteresse
munie de canons, construite en granit, surmontée d’un
mâchicoulis, et garnie de petites tours sur plusieurs
points. Les murs extérieurs ont une grande hauteur et
cachent entièrement tous les bâtiments, la plupart avec
terrasses qui dominent les alentours et du haut desquelles
on pourrait bien se défendre en cas d’attaque. On entre
dans le couvent et on en sort, par deux ouvertures élevées
d’une dizaine de mètres au-dessus du sol, et où l’on
est hissé au moyen de cordes et de poulies. Noüs lisons
dans l’Itinéraire de l’Orient que pour mieux s’assurer
contre toute intrusion hostile, les moines ont fait murer
depuis longtemps, la grande porte du couvent. Voici la
vérité : Une grande porte ouvre dans une cour qui sépare
le couvent des jardins. De cette cour , on peut pénétrer
dans le couvent par un étroit passage pratiqué dans un
mur ayant de trois à quatres mètres d’épaisseur, et dans
lequel trois portes en fer sont solidement placées. Je
veux bien croire que ce passage est rarement ouvert,