habitants, sur la rive droite du fleuve, dans un endroit
où il forme comme une espèce de golfe. Elle s’étend en
une ligne légèrement courbe, et produit ainsi un effet
assezp ittoresque. Elle était alors la résidence des principaux
fonctionnaires de la Compagnie universelle du
canal de Suez. Mais elle ne devait pas tarder à perdre
cette importance, Timsah étant désigné comme devant
être le centre de toutes les opérations. Notre vapeur fut
amarré devant un grand bâtiment environné d’une vaste
cour. C’est là qu’étaient établis les bureaux et magasins
de la Compagnie, et où un grand nombre d’employés
avaient leurs logements. On croit généralement que Da-
miette est à l’embouchure du fleuve et sur le bord de la
Méditerranée dont elle serait un port ; il n’en est rien :
elle en est éloignée d’environ deux lieues. Il y a à Da-
niiette, un assez grand nombre de personnes fortunées,
se livrant au commerce et aux spéculations. La ville
ressemble à toutes celles de l’Orient ; on y trouve quelques
spacieuses et belles maisons. Le séjour des employés de
la Compagnie et de leurs familles, lui a donné un caractère
particulier. Beaucoup d’habitants professant la religion
grecque unie, ont pu facilement se familiariser avec
nos usages. Ils ont recherché la société des Européens,
fréquenté leurs bals, leurs concerts, et même adopté leurs
costumes.
Pendant toute la nuit, la pluie ne cessa pas de tomber.
Le matin du 25 , elle continuait toujours; cependant nous
devions aller nous embarquer sur le lac Menzalèh à. une
demi-lieue de la ville, où des barques nous attendaient
pour nous transporter à Port-Saïd, ville que la Compagnie
a construite sur la Méditerranée, à l’endroit où
s’ouvre le canal maritime. Le nom de Port-Saïd lui a été
donné en l’honneur du Vice-Roi SaïdrPacha. Son Altesse
Royale hésitait si elle devait ainsi s’aventurer par un
temps aussi détestable ; mais M. de Lesseps assurait que
la pluie ne tarderait pas à cesser. Nous partîmes donc ,
mais comme c’était un dimanche, nous assistâmes d’abord
à la messe dans la chapelle d’un couvent de Eranciscains
de Terre-Sainte. Malgré l’assurance donnée par M. de
Lesseps, la pluie était diluvienne. Les chemins étaient
détrempés ; les charrettes sur lesquelles se trouvaient nos
bagages, s’enfonçaient de plus en plus dans la boue et ne
pouvaient pas s’en tirer. Il y en eut même une qui versa,
ce qui occasionna quelques dommages. Enfin, nous atteignîmes
une maisonnette située sur le bord du la c ,
devant les barques sur lesquelles nous devions prendre
place. Mais il eût été imprudent de nous exposer ainsi,
tellement la pluie tombait à verse, tellement le vent
soufflait avec violence. Son Altesse Royale se décida donc
à retourner au vapeur, pour de concert avec M. de Lesseps,
changer notre itinéraire. Dans ce moment, une
scène assez touchante vint faire diyersion et dissiper notre
humeur chagrine. M. le vicomte Zizinia retrouva une
gazelle qui s’était échappée de chez lu i, et que le mauvais