Je dois ajouter que le régime est le même pour tous
les malades, et qu’il n’y a pas la moindre différence entre
le pauvre pour qui on paie trente centimes, et celui qui
peut donner huit francs.
Parmi les malades qui se trouvaient en traitement lors
de ma visite, beaucoup étaient atteints de dyssenterie ,
d’hépatite, de fièvres intermittentes, d’affections rhumatismales.
Un Anglais, capitaine de navire, présentait un
delirium treméns. Dans le service de la chirurgie, j’ai
particulièrement remarqué une fracture comminutive des
deux os de la jambe et un opéré de la hernie étranglée.
La phthisie pulmonaire est très-rare et on ne l’observe
guères que chez des étrangers qui en étaient déjà atteints
avant leur arrivée à Alexandrie. Les affections typhoïdes
guérissent facilement. Les cas de’ variole sont peu fréquents.
Il n’y avaiben traitement aucune affection ophthal-
mique, et le médecin m’a déclaré qu’elles étaient très-rares,
et que presque toujours elles sont de nature catarrhale.
J ’ai tout lieu de croire qu’il ne connaissait aucunement
nos granulations vésiculeuses, primitives, car il m’a as-
suré qu’elles n’existent pas en Egypte. En ceci, je ne suis
pas de son avis; j ’en ai observé et même beaucoup, pendant
mon séjour en ce pays. Je suis convaincu que la
plupart des ophthalmies qu’il considère comme catar-
rhales, sont granuleuses, contagieuses , et que le grand
nombre de borgnes, d’aveugles, qu’on rencontre partout,
en ont été atteints.
Beaucoup de vénériens sont admis à l’hopital, car les
affections syphilitiques sont très-communes à Alexandrie.
Mais convenablement traitées, elles guérissent facilement,
promptement. D’après les renseignements qui m’ont été
fournis, le nombre des prostituées à Alexandrie, s’élève à
plus de six cents dont la moitié, au moins, sont des étrangères
à la ville. Ce qui est la cause de l’effrayante propagation
de la syphilis, c’est que, de même que dans
toute l’Egypte, la police ne s’occupe nullement de ces
malheureuses qui ne sont soumises à aucune visite et
qu’on laisse entièrement libres.
Les galeux sont toujours assez nombreux. Il est à regretter
que le genre de traitement en usage dans nos
hôpitaux et qui guérit la gale en moins d’une heure, soit
encore si peu connu. M. le docteur Matsa à qui j’en ai
parlé, m’a avoué n’en avoir aucune idée.
. Une autre particularité qui m’a aussi extrêmement
étonné, c’est que dans tous les hôpitaux de l’Egypte,
pour le traitement des fractures, on se serve encore des
anciens appareils qui retiennent le malade au moins six
semaines sur son lit, même pour les fractures les plus
simples, lorsqu’elles ont leur siège aux extrémités inférieures.
Cependant, les principaux médecins de
l’Egypte, presque tous ceux placés à la tête des grands
établissements, ont fait leurs études dans une des universités
de l’Europe, et à Paris le plus souvent, car
beaucoup de ces collègues sont français. Ils connaissent