on sait que les francisoains de l’Égvpte ressortent du
patriarcat de Jérusalem. Cette protection, du reste,
¿oit être de peu d’importance, si l’on considère l’état
d abaissement èt d’humiliation du clergé latin de Terre-
Sainte qui gémit sous l’oppression des prêtres grecs
schismatiques. J ’invoquerai ici le témoignage d’un prélat
qui a tout v u , tout examiné par lui-même, qui a été en
relations avec toutes les autorités, avec les chefs des
diverses communions qui se disputent la prééminence;
j invoquerai l’autorité de Monseigneur Mislin qui s’écrie
avec désespoir : « Les ennemis des catholiques se fortifient
à Jérusalem, tandis que les gouvernements des
peuples catholiques abandonnent la cause des saints-
lieux (d). « Il est plus explicite encore lorsque, déplorant
1 insuffisance des secours envoyés par les puissances catholiques,
pour la conservation des saints-lieux, il dit :
« La France, autrefois si généreuse, i oublie aussi maintenant
les gardiens du Saint-Sépulcre (2). »
M. Scanavi, dont l’enfant que j ’avais vu si malade
lors de mon arrivée à Alexandrie, était en pleine convalescence,
vint nous rejoindre. Il devait, avec son
beau-frère, M. le vicomte Zizinia, remplacer notre consul
général auprès de Son Altesse Royale, pendant le
voyage du Nil. Nous pûmes tous apprécier les excellentes
qualités de cet homme de bien qui n’a ,cessé de
(d) Mislin. Les saints-lieux. T. 5, ehap. XXVIII.
(2) Ibid. T. 2, éhap. XXL
se montrer le plus affable, le plus dévoué des amis.
Né dans l’île de Scio, où il possède d’immenses propriétés,
il habite Vienne et était venu en Egypte avec
ses enfants, après la mort de sa femme, pour y ré-
gler, je pense, quelques intérêts de famille. Il ne nous
parla jamais de ses titres de noblesse ; cependant il en
possédait dont on a ordinairement soin de se prévaloir.
Ce n est qu à Nice que nous avons appris que
M. Scanavi est Prince.
C’est avec lui que j ’ai visité le palais et les jardins
d Ibrahim-Pacha. Le palais est une construction très-
ordinaire ; les jardins ont une grande étendue qui n’est
pas moindre de trois kilomètres, entre Kasr el-Aïni et
Boulâk. C’est une belle et délicieuse promenade plantée
de palmiers, de sycomores, d acacias, de bananiers, et
d’une quantité d’autres arbres et arbustes.
Le $7, toute la journée fut employée en préparatifs
pour notre voyage du Nil. Nous dûmes nous pourvoir d’un
large feutre garni d une longue écharpe disposée de
manière à ce que ses extrémités pussent servir de voile.
Cette précaution est indispensable pour parcourir, sous
un soleil ardent, les plaines de sable de la Haute-
®SyP^e la Basse-Nubie. Plusieurs Européens,
pour l’avoir négligée, ont été atteints de coups de soleil
qui leur ont été funestes.
Le 28, au matin, les voitures de M. le comte Zizinia
nous ont transportés à Kasr el-Nil, où nous devions nous