contraindre le Vice-Roi à faire rechercher et punir les
coupables, et que s’il n’obtenait pas une prompte et
éclatante réparation, le gouvernement de son pays enverrait
devant Alexandrie, une flotte pour l’exiger. Je
coupai court à ces bavardages, à ces fanfaronnades ; je
prescrivis quelques remèdes, je me retirai et n’entendis
plus parler de mon client et de la réparation à laquelle
il prétendait avoir droit.
Toute la journée du 17 fut employée à faire nos préparatifs
de départ qui était fixé pour le lendemain. M. le
comte Zizinia voulut nous laisser quelques témoignages
de sa munificence. Il me pria d’accepter un magnifique
tchibouk avec provision de tabac et d’excellents cigares ;
il y joignit un sabre oriental digne de figurer dans la
collection d’un souverain. J ’avais déjà reçu de lui, un
beau sphynx en grès provenant des ruines de Tanis, des
statuettes en bronze et en terre, et un grand nombre d’antiquités
trouvées dans des tombeaux. Mj Scanavi mè fit
cadeau de plusieurs pierres rares, d’une canne finement
travaillée, de deux chasse-mouches à manches en ivoire
d’un travail exquis, etc. M. Eïd, aussi, voulut que j ’eusse
dans mes collections quelques objets reçus de sa main;
il me donna deux oeufs ' d’autruche artistement peints.
Enfin, M. le vicomte Zizinia me remit une pierre antique
avec inscription arabe, quelques poissons et autres curiosités
de la mer Rouge, et une antiquité nommée nilo-
mètre.
Dans l’après-midi, j’allai faire une visite à un savant
naturaliste dont j’ai déjà parlé, à Eigari-Bey, le pharmacien
du Vice-Roi. C’est un géologue et un botaniste
d’un bien grand mérite. Ses collections sont réellement
admirables par la quantité et la variété d’objets qu’elles
renferment. Malheureusement, abandonné à lui-même,
n’ayant pas à sa ‘disposition pour les consulter, les nombreux.
ouvrages que nous trouvons ici dans les grandes
bibliothèques, il n’a pu ni déterminer, ni claéser la plus
grande partie de ses richesses. Outre les belles suites de
minéraux, roches et fossiles, qui tous ont été recueillis
par lui sur le sol égyptien, on doit admirer ses herbiers
qui contiennent un nombre considérable de plantes parmi
lesquelles sont celles du désert. Il me fit cadeau d un
superbe crabe provenant d une carrière de craie blanche
située près de la citadelle.
Son Altesse Royale avait invité à dîner le propriétaire
de ces. beaux chevaux arabes que nous avions été voir
avant notre départ pour l’isthme du Suez, et le docteur
Burguières-Bey, français, médecin du Vice-Roi, et directeur
de l’école de médecine.
Le 18, à neuf heures et demie du matin, un tram spécial
nous a transportés à Alexandrie où nous sommes arrivés
à trois heures. Peu après, Son Altesse Royale alla faire
ses adieux à Madame Zizinia qui était alors à sa campagne
située sur le bord du canal Mahmoudièh. Elle lui témoigna
combien elle était heureuse de ce qu’un hôte aussi