illustre avait bien voulu accepter chez elle une humble
hospitalité ; elle nous adressa à tous des paroles aimables,
exprima des voeux pour notre heureux retour, et pour que
les adieux que nous nous faisions ne fassent pas les derniers.
Le 19 était le jour où nous devions quitter le sol égyptien
. Toute la matinée fut employée à prendre congé des
personnes dont nous avions fait la connaissance à Alexandrie.
Son Altesse. Royale s’étant aperçue qu’il me manquait
un porte-cigares, eut l’extrême attention de charger
M. le vicomte Zizinia d’aller m’en choisir un qu’elle me
remit et que je conserve comme un précieux souvenir.
A trois heures de l’après-midi, nous nous embarquâmes
sur le Cydnus, paquebot des Messageries impériales, sous
le commandement du capitaine Stolez. Nous fûmes conduits
à bord par notre consul général, M. le comte Zizinia,
son fils M. le vicomte, son beau-fils M. Scanavi,
M. Eïd, M. Blondel le chancelier du consulat. Plusieurs
•serviteurs parmi lesquels se trouvait un nommé Bertaut,
effendi de la maison du Vice-Roi, avaient pris place
dans des embarcations pour retarder autant que possible,
le moment où ils feraient leurs adieux, à Son Altesse
Royale. Je ne dois pas oublier un personnage important
qui s’était joint à ces derniers ; je veux parler du principal
coiffeur d’Alexandrie qui avait eu l’honneur d’être appelé
à donner ses soins à Son Altesse Royale. M. l’avocat
Verhaeghe de Gand dont j ’ai déjà eu plusieurs fois occasion
de parler, M. Defoere de Jodoigne qui s’était si complaisamment
fait mon cicerone dans quelques-unes de mes
excursions pendant mon séjour à Alexandrie, s étaient
aussi embarqués sur le Cydnus, le premier pour rentrer
en Belgique par Naples et Turin, le second pour aller
passer quelques semaines dans sa famille qu il n avait pas
vue depuis plusieurs années.
Enfin, le moment du départ étant arrivé, nous nous
séparâmes après nous être donné 1 accolade, et en faisant
des voeux pour que la Providence permette que nous puissions
encore jouir du bonheur de nous rencontrer en ce
monde. M. le vicomte Zizinia ne nous dit pas adieu mais
au revoir, car il nous promit qu’il ne manquerait pas de
venir en Belgique lors de son prochain voyage à Paris, où
il était attendu pour diriger les dernières répétitions d’un
opéra-comique en trois actes dont il avait composé la
musique, et qui était à l’étude depuis-plusieurs mois.
Son Altesse le Vice-Roi quittait l’Égypte en même
temps que nous, pour aller à Constantinople recevoir du
Sultan, l’investiture des États dont elle venait de prendre
' possession. Les batteries qui dominent le port, tirèrent
plusieurs salves, et le vapeur sur lequel elle était montée,
passa devant nous pour cingler vers le nord.