Il n’y a rien de changé en Orient : ce qui était il y a
plusieurs milliers d’années, nous le trouvons aujourd’hui.
Partout les mêmes moeurs, les mêmes usages, le même
costume, si nous en exceptons toutefois ce qui a été modifié
par la loi de Mahomet; ainsi, le turban pour l’homme,
le voile pour la femme, etc. Aujourd’h u i, comme dans les
temps les plus reculés, les Orientaux n’ont pas de noms
de famille ; chaque individu est désigné par ce que nous
appelons ici un prénom, auquel on ajoute comme caractère
distinctif, celui de son père : ainsi, Toussoum fils de
Saïd, comme nous voyons dans l ’Écriture, Joseph fils de
Jacob. Cette simple indication suffit pour qu’il ne se commette
jamais d’erreur, et pour qu’on puisse trouver d,e
suite celui dont on a besoin.
A une distance de trente minutes de la ville, est la
mosquée de l’Iman-Chafey qui est réputée très-sainte, et
est desservie par un des descendants du Prophète. On ne
nous a pas permis d’y entrer. Il est vrai que, de la porte,
voyant facilement tout l’intérieur, nous n’avons pas beaucoup
insisté. Ce qui me .fiait douter si cette: défense n’était
pas une . feinte., une tentative pour nous extorquer de
l argent, c’est que pendant que je parlais avec des gardiens,
j ’en ai vu un qui avait en mains deux paires de
chaussons qui nous étaient probablement destinés. Cette
mosquée entourée de tombes et de maisons , ne présente
aucun intérêt comme monument. Son dôme est surmonté
d’une girouette en forme de bateau. Un cheïkh m’a assuré
que, toutes les nuits , des j oiseaux le remplissaient
de grains,
A très-peu de distance de cette mosquée , est une enceinte
renfermant les tombeaux des Mamelouks surmontés
d’élégants sarcophages ornés de sculptures et; de colon-
nettes.
Tout à côté, dans une cour plantée d’arbres s’élève
une autre, mosquée où sont les, mausolées de la plupart
des membres de la famille , régnante. Ils consistent en
une large pierre qui supporte un sarcophage'en bois
sculpté et doré. Des cheïkhs attachés à cette mosquée ,
doivent nuit et jour j réciter et chanter des versets du
Coran.
A deux heures de l’après-midi, Son Altesse Royale,
^accompagnée de sir Henri lîulvvcr, ambassadeur d'Angleterre
: à Constantinople, de M. le comte Zizinia, de
sa suite, se rendit au palais Kasr el-Vil, pour faire sa
visite à Son Altesse l e , Vice-Roi, S aïd-Pacha. Dans la
grande cour, toute la garnison du palais était rangée en
bataille, musique eu tête, la seule musique militaire que
nous ayons vue en Egypte, et composée., des mémos instruments
que les nôtres,.
Le Vice-Roi attendait. son, Altesse royale dans ; la cour
même, au bas dç, l’es.çalier d’un appartement, situé au
rez-de-chaussée. Introduits dans un grand et magnifique
salon , nous prîmes place sur des divans et on nous apporta
le tchibouk et le café.