qu’aucune relation historique ne mentionne cette visite
de Mahomet au couvent du Sinaï. Je puis ajouter que
sur les lieux mêmes, on n’y ajoute pas une foi entière.
A quelques minutes de Tôt, sur le bord de la mer
dans un petit bouquet de palmiers, est une source d’eaux
thermales sulfureuses, nommée bains de Pharaon.
Cent soixante Arabes avec cent cinquante chameaux
et dromadaires, nous attendaient à Tor, pour le transport
des tentes, bagages et vivres. Ils avaient été requis
dans tous les villages disséminés le long de la côte, et
jusqu’à une grande distance. Les chevaux, les ânes,
nous avaient été envoyés du Caire à Suez.
Il était quatre heures lorsque nous nous mîmes en
marche. Notre premier campement était à une lieue de
la côte, près de l’Oasis Wadi-Jachja où on trouve un
puits d’eau douce et potable nommé Bir-Mouça, puits
de Moïse. Après avoir campé à E lim, le peuple d’Israël
se dirigea vers le sud entre la chaîne sinaïtique et la
mer Rouge; il est douteux néanmoins s’il descendit jusqu’à
Wadi-Jachja; mais dans la presqu’île sinaïtique,
les Arabes ont donné le nom de puits ou fontaines de
Moïse, à presque toutes les sources d’eaux. Cette Oasis est
très-grande; on y trouve une quantité de magnifiques
-dattiers, quelques doumiers et tamaris. Elle est divisée
en parties plus ou moins vastes, entourées chacune d’un
mur en terre et ayant une habitation. Mais il n’y avait
pas alors un seul habitant. Les propriétaires de ces enclos
n’y séjournent que pendant le temps nécessaire
pour la récolte des dattes. Il y a d’autres puits que celui
nommé Bir-Mouça, mais ils sont beaucoup plus petits,
et ils étaient presque tous ensablés. Tout le sol qui environne
cette Oasis, est formé d’un sable très-fin, mêlé
de débris.de coquillages et madrépores provenant de la
mer Rouge. Il est donc évident que les eaux ont couvert
cet endroit qui n’est maintenant à sec que grâce aux
travaux d’endiguement exécutés par les propriétaires de
l’Oasis.
La plaine sur laquelle nous campions, est dominée à
l’est, par d’énormes rochers qui font partie de la chaîne
sinaïtique. Ils longent la côte à une distance d’une ou
deux lieues. Cette chaîne s’étend sur presque toute la
presqu’île et est coupée par de nombreux wadi ou vallées
q u i, en.certains endroits, s’élargissent en plaines plus ou
moins vastes. Les wadi, les gébel ou montagnes qui forment
la chaîne, ont généralement des noms particuliers.
Lorsque nous arrivâmes à Wadi-Jachja, nous trouvâmes
nos tentes dressées. Elles étaient au nombre de
douze. Celle de Son Altesse Royale était composée de
trois pièces convenablement meublées et décorées. Une
tente-salon servait uniquement pour prendre nos repas.
La mienne était vaste et commode; j ’y trouvai ùn bon
lit.consistant en une couchette en fer avec matelas, etc.
Une grande lanterne dans laquelle brûlaient deux bougies,
était posée sur le sol couvert de nattes. Toutes les