Dans la matinée du 13, je parcourus quelques quartiers
de la ville, et particulièrement ses immenses bazars
qui ressemblent à ceux d’Alexandrie. On y trouve accumulées
des quantités considérables de tous les produits
de l’Orient; on y voit des magasins qui renferment les
objets les plus rares, les plus précieux.
Avant de rentrer à l’bôtel pour le déjeuner, je voulus
visiter ce qui reste de l’ancienne enceinte de la ville, du
côté du Sud et de 1 Est. Ce sont de vieilles et massives
murailles flanquées de quelques tours rondes ou carrées,
percées de portes qui étaient défendues par des ouvrages
dont on ne trouve plus que des ruines.
Comme on m’avait beaucoup parlé du quartier copte,
je m’y fis conduire, mais je n’y vis rien que des rues désertes,
ressemblant à celles des autres quartiers. Si je ne
rencontrai personne dans les rues, je pus constater que
ma présence avait éveillé la curiosité des habitants de la
plupart des maisons. Derrière les moucharabis, qui sont
des fenêtres fermées au moyen de grillages en bois,
j ’apercevais des figures dont il me fut, du reste, impossible
de distinguer les traits.
Y ers deux heures de l’après-midi, nous montâmes en
voiture pour aller visiter la citadelle q u i, située sur le
Mokattam, domine toute la ville. Nous dûmes traverser
le Caire dans sa plus grande largeur. A quelque distance
d’une mosquée nommée El-Moeyed, nous trouvâmes
une porte massive flanquée de deux tours. Du temps de
Saladin, c’était une des portes de la ville. De là, nous
arrivâmes sur la place Roumeïlèh, vaste espace' qui est
Ge qu’on peut appeler la place d’armes du Caire. Nous
y avons vu des soldats occupés à faire l’exercice ; une
grande quantité de chameaux appartenant au Vice-Roi
y étaient attachés; c’est aussi la place des exécutions
capitales.
Cette place est aux pieds de la citadelle, derrière la
mosquée du Sultan Hassan , et à côté d’une autre mosquée,
celle Mahmoudièh, qu’on laisse tomber en ruines.
Elle est cependant un des plus beaux monuments du
Caire ; sa coupole est vaste et dégagée, son minaret est
un chef-d’oeuvre de sculpture , tellement sa pierre est délicatement
travaillée.
De cette place, un chemin en pente assez douce conduit
à la porte de la citadelle. Sous sa longue voûte, est un
corps-de-garde dont le poste commandé par un officier,
rendit les honneurs à Son Altesse Royale. Les soldats
étaient de toute taille et rangés sans aucun ordre. Leur
costume, je ne dis pas leur uniforme, ressemblait assez
à celui de nos volontaires de 1830.
Nous nous arrêtâmes assez longtemps sur l’esplanade
d’où on jouit d’une vue magnifique, non-seulement sur
tout le Caire, mais encore ses alentours. On y a élevé
une espèce d’observatoire qui consiste en une grosse et
longue pièce de bois autour de laquelle un escalier en
limaçon mène sur une petite plate-forme. Cette ascension