et incurables qu’ils attribuaient aux ophthalmies ca-
tarrhales et à l’introduction sous les paupières, de corps
irritants, s’ils détruisaient les granulations avant le développement
de l’état inflammatoire et de la purulence.
Tous les forçats conservent leur chaîne. Ils sont enchaînés
deux à deux, ou bien la chaîne est fixée à un
pilier qui se trouve au milieu de la salle.
La plupart des femmes étaient atteintes d’aflections syphilitiques
graves. Les enfants des femmes malades sont reçus
avec leurs mères, et nourris aux frais de l’administration.
La mortalité est de cinq à six sur cent malades.
Le régime diffère beaucoup de celui de l’hôpital européen.
Pour ce qui est de la viande, les#malades ne
reçoivent guère que du boeuf bouilli, et une fois par
jour , au repas de dix heures du matin. Le pain est bis
et de médiocre qualité. Le pain blanc est une exception.
On ne donne pas de vin ; on sait que les Mahométants
ne peuvent pas en boire.
A l’hôpital arabe, on admet indifféremment les malades
civils et militaires: Les médecins qui y font le
service, de même que tous les médecins fonctionnaires ,
ne sont pas exclusivement civils nu militaires. En Egypte,
le gouvernement dispose comme il l’entend, des médecins
qu’il rétribue. Selon les besoins, il les attache à un hôpital
, à un régiment, les fait passer dans la marine, les
envoie résider dans des localités où des médecins libres
ne se.sont pas établis. Ils peuvent passer d’une de ces positions
à une autre. Tous, cependant, ainsi que les divers
employés de n’importe quelle administration, ont
des grades ou sont assimilés à des grades militaires.
Le traitement affecté à chaque grade, est le même,
quelle que soit la position du fonctionnaire ; seulement,
dans certaines circonstances, des gratifications peuvent
être accordées. Je n’oserais décider si, comparativement,
leurs traitements sont plus élevés que les nôtres. Ainsi,
le capitaine reçoit 550 francs par mois ; le major, 800 ; le
lieutenant-colonel, 1200 ; le colonel, près de 1600. L’avancement
est arbitraire; on a quelquefois égard à l’ancienneté
, aux services rendus, aux capacités , mais souvent
il en est autrement. Je dois avouer cependant, que l’avancement,
la position des médecins, dépendent généralement
de leur mérite, de leurs capacités ; mais pour
tous les autres fonctionnaires, il n’y a rien de fixe à cet
égard: un simple soldat peut être nommé colonel, un
colonel descendre au rang de soldat, sans qu’on pense à justifier
cet avancement, cette dégradation.Cet arbitraire existe
surtout envers les personnes attachées au service particulier
du Vice-Roi. On voit des hauts dignitaires qui naguères
faisaient partie du personnel domestique ; ainsi, certains
beys, certains pachas, ont été des effendis. De même,
des hommes parvenus au comble des honneurs, des dignités
, sont tout à coup disgraciés sans qu’on en connaisse
la raison, et passent souvent d’une opulence enviée,
à un état de gêne et quelquefois de misère.