embarquer. Le poste de la grande porte d’entrée, sortit,
présenta lès armes, mais en tournant le dos. Etonnés,
nous demandâmes l’explication de cette singularité, et il
nous fut répondu qu’on nous avait pris pour des Odalisques
qui étaient sorties de bonne heure et qui ne devaient
pas tarder à rentrer.
Toute la garnison, musique en tête, était rangée en
bataille dans la grande cour. Le Vice-Roi, Saïd-Pacha,
attendait Son Altesse Royale. Il était bien souffrant,
mais il ne crut pas pouvoir se dispenser de faire lui-
même les honneurs de l’installation sur le vapeur et
la barque qu’il avait mis à la disposition de Son Altesse
Royale. Nous fûmes introduits dans le grand salon, et
on nous offrit le café et le tchibouk. Nous remarquâmes
combien les traits de Saïd-Pacha étaient altérés, combien
il était changé depuis notre première visite ; c’est à
peine s’il pouvait rester assis. Il voulut absolument accompagner
Son Altesse Royale jusqu’à l’embarcadère, et
il la quitta en lui sonhaitant un bon voyage et en disant :
au revoir. Au revoir! Ce furent ses dernières paroles.
Hélas, il ne se doutait pas en les prononçant, que c’était
dans l’autre monde qu’ils pourraient encore se rencontrer.
Son Altesse ✓Royale s’installa dans une magnifique
barque remorquée par le vapeur Zinet el-Bahreine. Sa
suite, composée de MM. le vicomte Zizinia et Scanavi,
le comte d’Oultremont et moi, fut'Casée dans des cabines
du vapeur. Mourad-Bey représentait le Vice-Roi auprès
de Son Altesse Royale. Il devait pourvoir à tout, avait
la haute main sur les employés, sur le personnel domestique
qui était nombreux et choisi. Des provisions de
toute nature et qui auraient pu suffire pour un voyage
de plusieurs mois, encombraient le pont. Tout était organisé
de manière à satisfaire les exigences les plus susceptibles.
Des effendis de la maison du Vice-Roi, étaient
exclusivement chargés du service de la table, de pré*
parer le café et les tchibouk.