grande statue bien entière en granit de Syène, représentant
une divinité accroupie, tenant en main la clef du Nil •
deux grandes pierres couvertes d'hiéroglyphes. Tous'ces
objets ont été trouvés dans l’hypogée des boeufs-Apis.
J ’obtins, de plus, onze vases en terre cuite, provenant
des puits à momies de Sakkarah.
Nous revînmes par le même chemin que nous avions
suivi le matin, seulement, à la hauteur de Sakkarah,
nous nous détournâmes un peu pour voir les quatre pyramides
de Dachour qui ne forment qu’un seul groupe
avec celles de Sakkarah. Deux de ces pyramides sont en
briques crues et tombent en ruine. Une des deux construites
en pierres, paraît inclinée dans sa partie supérieure;
l’autre n’est remarquable que par sa grandeur.
Après la grande pyramide de Gisèh, elle est la plus grande
de toutes les pyramides élevées en Egypte. Chacune de
ses faces dépouillée de son revêtement, mesurée à sa base,
est de 214 mètres ; sa hauteur verticale est de 103 mètres.
Le 19 , dans la matinée, M. le vicomte Zizinia, M. Eïd
et moi, nous fîmes, à âne, des courses dans les bazars
et les quartiers les plus écartés rde la ville. Nous perdîmes
M. Eïd emporté par sa monture, animal d’une vivacité qui
lui avait mérité le nom de la f&udre. Nous ne revîmes
notre vice-consul que dans Taprès-midi, alors qu’il vint
prendre Son Altesse Royale pour la conduire au couvent
des Derviches-Tourneurs, afin d’assister à leurs exercices
qui ont lieu tous les vendredis.
Les Derviches sont des espèces de moines qui ont des
couvents auxquels sont affectées de riches dotations. Us
n’y résident pas tous ; ceux qui sont mariés ne s’y rendent
que pour leurs exercices auxquels ils attachent un esprit,
un caractère religieux. Ces exercices sont publics, les
étrangers y sont même accueillis avec des marques de déférence
toutes particulières; ils occupent les premières
places dans la galerie qui environne l ’enceinte; des chaises
leur sont réservées. Il est vrai que cette attention n’est
pas tout à fait désintéressée; on ne peut guère assister
à ces représentations , qu’on me pardonne l’expression ,
sans laisser un cadeau d’une certaine importance.
Voici ce que nous avons vu : Une grande enceinte circulaire
est entourée d’une galerie pour les spectateurs.
Dans une tribùne ressemblant beaucoup au jubé de nos
églises, sont placés les musiciens, chanteurs et instrumentistes.
Léchant est assez monotone, l’accompagnement
se fait avec trois instruments: le darabokë,. espèce de
tambour long, ayant à peu près la forme de nos pots à
beurre. Il n’a ordinairement pas de fond. On le frappe
avec deux baguettes ; quelquefois avec les doigts le
neys, roseau qui imite grossièrement notre clarinette.....
le sop/iora, autre roseau disposé comme notre flûte.
Le chef se place en face de la tribune, à l’extrémité opposée
de l’enceinte; il reste debout. Les autres s’accroupissent
à sa gauche, en une ligne légèrement courbe. Les
chants avec accompagnement, commencent et continuent
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