Peu après notre dîner, M. Scanavi arriva par un train
venant du Caire, et nous apporta les dernières nouvelles
d’Europe.
Le 18, je consacrai une partie de la journée en courses
et en visites. Accompagné de M. Scanavi, je me rendis
chez M. Nasrala-Zuhr qui m’avait déjà adressé plusieurs
invitations. Sa maison, située dans le quartier européen,
est vaste, élégante, mais entièrement à la turque. On
nous offrit le café et diverses confitures. Il manifesta le
désir de posséder les portraits des membres de notre
famille royale ; je promis de les lui envoyer et je regrette
de n’en avoir pas encore eu l’occasion ; mais il ne tardera
pas à les recevoir.
Le soir, tous les officiers de VHermïone eurent l’honneur
d’être admis à la table de Son Altesse Royale.
Je fis la connaissance d’un médecin, homme extrêmement
instruit et respectable. Il espérait pouvoir bientôt se retirer
du service. Il commençait à se fatiguer d’un genre
de vie qui le tenait presque toujours éloigné de sa femme
et de son unique enfant. Il m’assura qu’il était resté
quelquefois plusieurs années sans les voir.
Le 14, à dix heures du matin, nous partîmes pour le
Caire, par un train spécial conduit par le Directeur de
l’administration des chemins.de fe r, Chimit-Bey. Quelques
canons en batterie sur la plaine qui sépare le chalet,
de la me r, tirèrent une salve de vingt et un coups. En
quittant Suez, on laisse sur la droite, le fort d’Agerout.
A gauche, le Gébel Attâka se voit à une petite distance,
et bientôt on longe le Gébel-Aouebet dans presque toute
son étendue, c’est-à-dire une longueur de dix lieues. La
distance de Suez au Caire est d’environ cinquante-quatre
lieues : partout, c’est le désert dépourvu de végétation, et
n ’ayant d’autres habitations que quelques maisons d’employés
pour les deux seules stations qui se trouvent sur un
aussi long parcours. Arrivée au Caire, à deux heures de
l’après-midi, Son AltesSe Royale fut reçue à la station
par M. le comte Zizinia qui attendait avec ses équipages.
Le 15, à deux heures et demie de l’après-midi, Son
Altesse Royale alla faire au Vice-Roi sa visite d’adieu et
de remercîments. Son Altesse était alors au Caire, dans
un palais qui porte le nom d’Abdine. C’est un vaste
bâtiment situé sur une place. L’ameublement est d’une
grande richesse, mais par trop surchargé, dé sorte qu’on
peut, en .étant sévère, trouver qu’il manque de ce bon
goût qui n’est pas incompatible avec une élégante simplicité.
L’entretien fut assez long et affectueux, et les
deux Altesses se séparèrent en exprimant l’espoir de se
revoir encore.
Le soir, Son Altesse Royale reçut à sa table, MM. dé
Lesseps et Chantrelle qui étaient venus au Caire pour
la saluer. Après le dîner, je me' rendis chez un Copte
qui avait beaucoup insisté pour me présenter à sa famille.
Elle était certainement intéressante, mais personne ne