Barâbra. Son sol est partout jonché des décombres des
huttes, des cabanes qui entouraient jadis les monuments.
C’est vers la pointe méridionale qu’il faut se placer pour
avoir une idée de l’ensemble.
A droite, s’élève un temple isolé, inachevé, percé à
jour et soutenu par des colonnes. C’est le typhonium. Il
renferme , dit-on , le tombeau d’Osiris ; mais on le place
encore dans d’autres endroits,,particulièrement à Abydos.
A gauche, on voit un obélisque dont le sommet est brisé,
et une longue colonnade. En face, est le grand temple
d’Osiris.
Ce temple est un des plus beaux monuments que nous
ait laissé l’ancienne Egypte. Son premier pylône de cent
dix-huit pieds de longueur, de cinquante-quatre de hauteur
, est composé de deux espèces de tours dans 1 intérieur
desquelles de nombreux escaliers conduisent aux
terrasses supérieures , vastes observatoires où les prêtres
allaient se livrer à la contemplation du ciel. En avant de
ce pylône, gisent des obélisques brisés, des lions en granit
•rouge, et d’autres statues qui ornaient autrefois l’extérieur
du temple. Le dromos ou péristyle présente une
belle avenue de colonnes à chapiteaux alternativement
lotiformes et dactyliformes, et dont une trentaine sont
encore debout. A droite, une espèce de chapelle s’avance
de quelques pas et se prolonge au dehors. Un second pylône
donne entrée au portique ou pronaos qui est une des
parties les mieux conservées de l’édifice, bien que la plupart
de ses colonnes soient mutilées, renversées, et que
son plafond n’existe plus. Viennent ensuite trois salles ,
le sékos, le naos et le sanctuaire ou adyton avec des
chambres latérales. L’adyton renfermait un monolithe
en granit semblable à celui que nous avons trouvé à Edfou.
Ces monolithes placés dans les sanctuaires des
temples dédiés à Osiris, semblent avoir été destinés à la
conservation du vautour sacré, oiseau consacré à cette
divinité.
Dans une des chambres latérales, est un escalier conduisant
à la terrasse du temple. Au dessus de la porte
d’une autre chambre qui contenait la bibliothèque, on
lit en caractères hiéroglyphiques, l’inscription suivante :
Ceci est la bibliothèque de la déesse S a f, la gardienne des
livres d’Isis qui dispense la vie. Dans une des salles du
Naos, les membres de la commission scientifique qui explorèrent
l’Egypte en 1799, ont inscrit, d’après leurs
observations, la position astronomique du monument...
latitude Nord, 24° 3 45"; longitude Est du méridiefi de
Paris, 30° 15' 28".
Mais une inscription bien autrement intéressante, est
la suivante, gravée sur une large pierre carrée qui est
placée dans le m u r, à droite, sous la grande porte du
premier pylône :
L’an VI de la république, le 12 messidor,
une armée française commandée par Bonaparte, est descendue
à Alèxandrie.