une quantité de sarcophages dont la plupart ne contiennent
que du sable, et quelques-uns seulement des
débris de momies. La figure de ces momies est recouverte
d’un masque en plâtre doré. J ’ai vu une belle
collection de ces antiquités , dans le cabinet de M. le
docteur Bourhie, médecin résidant à Kantara.
Un peu au sud de cette ville , on voit encore des
ruines; on pense que ce sont celles de l’ancienne Selé.
Elles consistent en fragments de colonnes , une assez
grande quantité de pierres et de débris de poterie.
De même que dans les autres villes construites par
la compagnie, les maisons de Kantara sont en briques
et n’ont qu’un rez-de-chaussée. Toutes les briques qui
ont servi ici, proviennent de la démolition des caveaux
de... Magdalum ? Ainsi, si on ne peut accorder assez
d’éloges à la compagnie pour les immenses et importants
travaux qu’elle exécute, on est en droit de lui
adresser un petit reproche, un reproche de vandalisme.
J ’ai visité l’infirmerie établie à Kantara ; elle est sur un
monticule qui s’élève à l’est de la ville. C’est un modèle
d’élégance et de propreté ; mais comme celles des autres
villes de la compagnie, elle ne contenait aucun malade.
Après le diner, cette famille française qui nous accompagnait
depuis Zaggazig, fit dresser ses tentes de
désert pour y passer la nuit. Malheureusement, elles
laissaient beaucoup à désirer; on pouvait difficilement
s’y garantir du froid, du vent et de la pluie. Mais il
était trop tard pour penser à remédier à ce grave inconvénient.
La même imprévoyance qui avait présidé à
la confection des tentes, se faisait remarquer dans la
manière dont les approvisionnements avaient été entendus.
La veille du départ, seulement, on s’aperçut qu’on
manquait de choses de première nécessité. L’embarras
fut grand, mais heureusement, M. de Lesseps vint en aide
à ses compatriotes.
Le 31, après avoir pris congé de nos compagnons de
voyage qui allaient à Jérusalen par la route de Syrie, en
se dirigeant sur Gaza, pour de là se rendre à Jaffa et
suivre la route des pèlerins venant directement de l’Europe
, nous nous embarquâmes sur le canal maritime.
Nous traversâmes le lac Ballah qui est en communication
avec le lac Menzalèh ; nous passâmes devant une carrière
de plâtre près de laquelle est un moulin. Vers trois heures,
nous arrivâmes au palais d’El-Guisr, le même dont j ’ai
déjà parlé.
Nous parcourûmes ainsi une distance de trente-six kilomètres.
Ce canal était alors accessible aux barques
ordinaires, dans plus de la moitié de sa longueur, l’eau
de la Méditerranée arrivant déjà jusqu’à Toussoum qui
est éloigné de Port-Saïd, d’environ soixante-dix-huit
kilomètres. On sait que toute son étendue n’en a que
cent-cinquante. Il est vrai que cette partie navigable n’a
ui la largeur, ni la profondeur nécessaires pour le passage
des grands vapeurs. La largeur était de douze mètres sur