Siout est entourée de vieux murs percés de quelques
portes. Du côté du Nil, il y en a deux, séparées par une
espèce d’esplanade bordée de cafés fréquentés par des
personnes d’assez bonne mine, et dans l’un desquels j ’ai
vu un billard. L’intérieur de la ville est un assemblage
de rues étroites, tortueuses, comme toutes les villes égyptiennes
que nous avons visitées. Beaucoup de maisons
annoncent l’aisance et la richesse. J ’ai vu sur une
terrasse, une femme qu’on trouverait belle, même en
Europe. Après s’être montrée deux fois, elle se retira,
s’apercevant qu’on la regardait.
Nous avons parcouru les bazars qui sont beaux et
bien fournis. On y trouve particulièrement du lin, du
natron, de l’opium, des palmes, de l’orge, du froment,
du dourrah, des citrons, des oranges, des bananes, des
figues, des dattes, des grenades, de l’huile; beaucoup
d’objets en ivoire assez bien travaillés; de la poterie
consistant en têtes de pipe, vases, cendriers, etc., etc.
Il y a quelques établissements de bains que nous
n’avons pas visités ; les mosquées ne sont remarquables
que par leurs, minarets. La ville est divisée en quartiers
fermés. Les maisons habitées par des Coptes se distinguent
par la croix qui surmonte la porte. Le marché qui
se tient le dimanche, est un des plus considérables de la
haute et moyenne Egypte. Le palais d’Ibrahim-Pacha
paraît beau ; ses jardins ont une grande étendue.
Nous nous dirigeâmes ensuite à travers des champs
couverts des plus riches récoltes, vers la chaîne libyque
qui, en cet endroit, s’élève à une immense hauteur. Au
pied de la montagne, sont quelques décombres, restes de
l’ancienne Lycopolis, et un grand canal qui va se joindre
au canal de Joseph. A côté des ruines, vers 1 ouest, est le
cimetière de Siout.
Nous pûmes faire à âne et même à cheval, presque
toute l’ascension de la montagne jusqu à 1 endroit où
sont creusés les hypogées. On trouve des grottes, des
chambres, des galeries dont plusieurs sont très-vastes
et non encore entièrement explorées. L’extérieur, 1 intérieur,
offrent des restes d’inscriptions hiéroglyphiques en
grande partie détruites et effacées. A l’entrée d une des
plus grandes galeries,on voit une figure colossale de femme.
Elle est assez bien conservée. Dans ces grottes , ces
galeries, etc., on trouve non-seulement des débris de D 3 7
momies d’hommes, mais encore d’un grand nombre de
loups et de chacals. C’est probablement de ces animaux
qui y étaient vénérés, que la ville a été appelée Lycopolis.
Quelques souterrains plus récents, ont été habités par
des moines, des ermites, qui couvraient les murailles de
croix et d’images de saints. Sur le sommet de la montagne
, on voit les ruines d’un fort qui dominait la ville.
Du haut de cette montagne, la vue dont on jouit est admirable.
Sur la gauche, on a Siout dont l’aspect est pittoresque.
Cette ville présente un ensemble de maisons d’une
teinte grise, au milieu desquelles s’élèvent quinze beaux