minarets qui contrastent avec toutes les constructions
qui les environnent, non seulement par leur forme et leur
hauteur, mais encore par leur couleur blanchâtre. Devant
et aussi loin que la vue peut s’étendre, c’est-à-dire jusqu’à
la chaîne arabique, on ne voit que des champs couverts de
la_ plus luxuriante végétation, et coupés par de nombreux
canaux d’irrigation. Du point le plus culminant, regardant
vers l’ouest, on a devant soi, l’immense désert de la Libye.
Après avoir fait du charbon, pris quelques volailles et
des légumes, nous continuâmes notre route. Il pouvait
être une heure.
Pendant le restant de la journée, nous n’avons rien vu
d’intéressant : quelques villages le long de la rive gauche ;
la chaîne arabique sur la droite, offrant de loin en loin,
des grottes sépulcrales.
Le premier janvier, à minuit, nous arrivâmes devant
ïa rth a où le vapeur a dû s’arrêter pour faire du charbon.
A sept heures du matin, nous continuâmes notre route.
Nous avons félicité Son Altesse Royale à l’occasion de
la nouvelle année.
Nous passâmes devant Girgèh, ville assez importante et
qui a quelques beaux minarets. Toutes les maisons, de
même que dans les autres endroits que nous allions
rencontrer, présentent un aspect particulier. Elles sont,
dans toute leur étendue, surmontées d’un pigeonnier, en
forme de second étage. Les bords des murs sont comme
dentelés.
La chaîne arabique qui continue à s’étendre le long de
la rive droite, offre l’aspect le plus pittoresque : partout,
des colonnades, des arcades, des déchirures, les plus
variées. On aperçoit encore plusieurs ouvertures de grottes
sépulcrales.
A quatre heures de l’après-midi, à la hauteur de
Farchout, nous vîmes le premier crpcodile. Il avait au
moins deux mètres de longueur, dormait sur le sable, au
soleil.' Un coup de fusil le réveilla. Il plongea dans le
fleuve sans avoir été atteint.
Près de Farchout, commence le canal de Joseph qui est
probablement l’ancien lit du Nil avant qu il ne se fût
déplacé à l’est. Il côtoie le pied de la chaîne libyque, et
va se jeter au Nord-Ouest, dans le Fayoum. D après une
tradition copte, il aurait été creusé par Josèph fils de
Jacob; mais, outre d’autres preuves, ses nombreuses
sinuosités s’opposent à ce que cette opinion soit admise.
Le soir, nous relâchâmes à Kénèh, l’ancienne Coeno-
polis, situ.é sur la rive orientale du Nil. C’est la résidence
principale du Gouverneur de la haute Egypte. Ismaïl-
Pacha, le même qui a pris une part si glorieuse dans
l’armée turque pendant la guerre de Crimée, occupait ce
poste important. Il était absent lors de l’arrivée de Son
Altesse Royale, mais il ne tarda pas à la rejoindre, et il
l’accompagna avec son vapeur, jusqu’à la première
cataracte. C’est l’homme le plus aimable qu’on puisse
rencontrer; Son Altesse Royale a été charmée de son