des huttes des gens du peuple, des vieux pots de formes
et de grandeurs diverses.
Arrivés le soir à Wadi-Séboua, ou la Vallée des Lions,
nous nous sommes immédiatement rendus aux ruines,
accompagnés de quelques hommes qui portaient des
flambeaux. Elles sont situées sur la pente d’une montagne
qui n’est séparée du fleuve que par une plaine
étroite. Une avenue de sphynx avec des têtes de jeune
homme qui ont au menton une barbe légère, y conduit.
Les deux premiers n’ont qu’une partie de leurs piédestaux
ensablés ; ils sont placés à côté tet en dehors de
deux statues colossales très-mutilées. Les autres sont
entièrement recouverts; c’est à peine si on voit la tête
de quelques-uns. C’est cette avenue qui a donné à la
localité le nom qu’elle porte aujourd'hui. Le pylône est
fort dégradé ; le dromos est rempli de débris, et le portique
est tellement ensablé, qu’il est impossible d’y pénétrer.
On y voit huit colonnes sans chapiteaux ; devant
chacune d’elles, est adossé un colosse de douze à quinze
pieds de hauteur, les bras croisés sur la poitrine et tenant
en mains, la clef du Nil et le fouet. Nous ne pûmes voir
les autres pièces tellement tout est enseveli sous les
sables. On nous a dit que l’adyton est creusé dans la
montagne. Le temple et les statues sont en grès, et
semblent appartenir à l’antiquité la plus reculée. Ils
portent le cartouche du grand Sésostris.
Dans les environs du temple, sont quelques huttes tellement
recouvertes de sable, que nous passâmes à côté
sans les voir. Nous n’aperçûmes pas un seul de leurs
habitants. Le village proprement dit est de l’autre côté
du Nil, sur la rive orientale.
Le 9, partis à quatre heures du matin, nous sommes
arrivés à Korosko vers neuf heures. Ce village est situé
sur la rive droite du Nil, dans une plaine bien cultivée
et à une assez grande hauteur au-dessus du niveau des
eaux du Nil, pour être à l’abri de l’inondation, même
dans les plus fortes crues. Cependant elle est couverte
d’une couche assez épaisse d’un limon déposé par ce
fleuve, ce qui prouve que les débordements s’élevaient
autrefois beaucoup plus haut qu’aujourd’hui. Nous avions
déjà acquis cette certitude en visitant la première cataracte
; l’examen du sol de diverses autres localités, viendra
encore la confirmer.
Korosko est un village formé de quelques groupes de
maisons en terre desséchée; deux seulement sont en
tuiles. La mosquée est une petite cabane surmontée
d’une espèce de dôme construit avec des feuilles de palmiers
tapissées d’une couche de terre. Il y a une prison
bâtie en pierres de grès.
Korosko est le point de départ et d’arrivée des caravanes
du Sennaar, de Dongola, du Soudan, etc., qui traversent
,1e désert dit Abou-Hamid que nous voyions devant
nous. Au moment de notre arrivée, une caravane
partait. Nous remarquâmes parmi les Arabes, qui la