prêts, à cause que l’ordre èuvoyé par un courrier, venait
seulement d’arriver, Son Altesse Royale se décida à aller
visiter l’île d’Éléphantine. Ismaïl-Pacha, le comte d’Oul-
tremont et moi, nous prîmes place à côté de Son Altesse
Royale, dans la chaloupe du vapeur.
Devant Assouan, le Nil se sépare en deux bras. Celui
de droite n’a que quatre cent cinquante pieds , mais
l’autre est beaucoup plus large. L’espace compris entre
eux, est un rocher de granit de quatre mille cinq cents
pieds du nord au sud, et de mille cinq cents de l’est à
l’ouest. Sa surface sur laquelle le Nil a déposé une épaisse
couche de limon, est recouverte d’une belle végétation
qui lui a valu la qualification arabe de Géziret ez-Zaher,
l’île fleurie ou l’île des fleurs, mais son nom véritable est
Éléphantine. Sa partie nord est la plus fertile; on y admire
des beaux jardins, des groupes de dattiers et de
doumiers, des mûriers, des cassis, des sycomores, etc. , etc-
La partie sud est moins cultivée, à cause qu’elle est
jonchée, dans une grande étendue, des débris de la ville
ancienne qui forment maintenant un monticule d’environ
deux mille quatre cents pieds de tour.
Deux villages, l’un au sud, l’autre au nord, sont habités
par des Barâbra. Entre ces villages, sont deux cimetières
qui occupent une assez grande étendue de
terrain, ce qui restreint beaucoup celle laissée à la
culture.
Sur l’emplacement de l’ancienne ville, gisent quelques
pierres portant divers cartouches, entre autres, ceux de
Touthmès III et' d’Aménophis II. Elles proviennent de
deux petits temples dont un est entièrement renversé. Une
partie du pylône indique seul la place où l’autre a été
élevé.
Au milieu de la campagne, entre les deux villages, on
voit un colosse encore debout, mais fortement mutilé;
Au sud, sont les restes d’une grande muraille qui pourrait
avoir été un rempart. A l’est, du côté qui regarde
Assouan, est un quai construit en grès et qui date des Pto-
lémées ou des Romains. Il a quarante cinq à cinquante
pieds de hauteur et six cents de longueur. Un escalier de
quatre-vingt-dix marches con duit du quai au Nil ; sur sa
paroi est tracée une échelle qui servait autrefois à marquer
la hauteur des eaux. C’est le mékyâs ou nilomètre de
Strabon.
Nous remontâmfes .ensuite le Nil pour visiter une partie
de la cataracte.
La chaîne de montagnes de granit s’élève en formes
très-pittoresques, à une grande hauteur, sur les deux
rives. Ce qu’on nomme ici cataracte, n’est pas une
forte chute d’eau, comme on serait porté à le croire,
mais une suite de rapides, de tourbillons, de remous.
Tout le fleuve est parsemé d’une quantité de gros blocs
de granit, d’îles, qui en bornent, en obstruent le. cours.
Plus les eaux grossissent, moins on voit de ces rochers,
de ces îles ; cependant, il en reste toujoùrs à sec au